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11 octobre 2022 | écrit par Philippe-Olivier Jasmin |
Travailler des points interscapulaires, c’est comme mener un siège. Après tout, ils s’ensevelissent et se fortifient de spasmes musculaires afin de se protéger.
Cependant, comme le légendaire général de la Chine antique, Sun Tzu, raconte dans l’ouvrage L’Art de la Guerre, « la plus haute forme de stratégie consiste à d’abord perturber la stratégie adverse ; ensuite, à isoler votre adversaire de ses alliés ; finalement, à mener bataille sur le terrain. En tout temps, évitez d’assiéger une fortification. »
Oh.
En effet, une efficacité et une constance thérapeutiques impliquent d’approcher la problématique d’une position avantageuse pendant qu’il se trouve stratégiquement désavantagée. À l’inverse, un siège renverse les rôles. Vous devez vous fracasser le nez contre une position défensive fortifiée. Une triste et pénible opération.
Pour vaincre efficacement un siège, il faut être malin. Revenons à la stratégie de Sun Tzu afin de voir si nous pouvons nous éviter des larmes et des sueurs.
Afin de convenablement s’adapter à toute problématique, il convient d’analyser les stratégies possibles, de même que comprendre les intentions de son adversaire. Ici, des points interscapulaires déploient des mécanismes de défense afin de se protéger et se fortifier contre un stress mécanique. Donc, la première question à se poser devrait être : qu’est-ce qu’un point interscapulaire ? Habituellement, ils représentent des symptômes biomécaniques de trois variables :
Bref, la vertèbre et/ou la côte qui s’y rattache deviennent tiraillées par des muscles qui se croient dans un match de souque à la corde. C’est pourquoi, afin de désarmer plus efficacement ces spasmes protecteurs et de perturber ces fortifications, il devient nécessaire de couper leurs lignes de ravitaillement. À cette fin, quatre options se présentent à nous :
En résumé, un siège consiste en une guerre d’attrition. Affronter les fortifications adverses lorsque celles-ci sont convenablement ravitaillées est, dans le pire des cas, une cause perdue ou, dans le meilleur des mondes, un Pac-Man glouton qui engouffrera bien trop de ressources. En somme, soit les fortifications vont demeurer inébranlées par vos efforts, soit elles vont éventuellement céder sous la pression de votre constant et coûteux bombardement. Pendant ce temps, le thérapeute et le client suent comme des cochons et tous deux remettent en question leurs choix de vie en grinçant des dents.
Si une dysfonction facettaire ou costo-vertébrale représente un symptôme ou une évolution d’un mécanisme qui rôde furtivement dans les parages, il convient donc d’isoler notre objectif, le point interscapulaire, de cet élément qui alourdi notre équation.
Hésitez-vous sur la direction à emprunter ? Dressez la liste des muscles qui s’insèrent au point interscapulaire et suivez les tensions.
Dans le cas de points interscapulaires, sept muscles attirent notre attention :
Qu’est-ce qu’ils ont tous en commun ? Ce sont tous des muscles de la chaîne postérieure. Ils sont donc tous des extenseurs. De ce fait, ils appliquent un grand stress mécanique à leurs insertions thoraciques lors de phénomènes comme la protraction cervicale. Après tout, combien de fois avez-vous entendu un client mentionner : « j’ai mal au cou et ça me crée des points entre les omoplates. »
Cependant, rappelons-nous que de soulager des muscles en contraction excentrique, c’est bien, mais désarmer des muscles en contraction concentrique, c’est mieux. Par exemple, dans le cas d’une protraction cervicale, si vous croyez que les extenseurs de la tête propagent leur mauvaise humeur à leurs insertions thoraciques, mettez votre casque et confrontez-les. Si vous croyez que les extenseurs cervicaux sont davantage en cause, votre réel objectif ne se dissimule pas trop loin, il est ailleurs.
Aventurons-nous en direction opposée, vers le bas.
Bien des problèmes débutent au niveau de notre fondation pour se propager vers le haut. De ce fait, il est logique que des tensions grimpent le long du rachis. Par conséquent, un muscle mérite d’être souligné soit l’ilio-costal lombaire.
En effet, ce muscle détient des insertions au niveau des six dernières côtes. Il véhicule donc n’importe quel stress mécanique qui provient d’une augmentation ou d’un effacement de la lordose lombaire dans la région inférieure du thorax. De plus, il est idéalement placé pour tirer ses insertions thoraciques en extension. Il sème donc aisément la graine d’une hypercyphose thoracique.
Cette excellente raison explique pourquoi je mets de l’avant l’ilio-costal lombaire plutôt que le longissimus thoracique ou le grand dorsal. Cependant, je vous garde le punch pour plus tard.
Remontons un peu pour quitter l’axe longitudinal.
Il se peut aussi que des tensions musculaires excessives qui proviennent des épaules appliquent un stress mécanique abusif sur leurs encrages thoraciques. Dans cette direction, trois muscles sont pertinents :
Sur ce sujet, j’aborderai deux points. Premièrement, à moins que votre client soit un rameur professionnel, les trapèzes et surtout les rhomboïdes, se retrouvent traditionnellement prisonniers de tensions excentriques. Abduction scapulaire ? Bascule de l’omoplate ? Enroulement ou rotation interne des épaules ? Le party fait rage ailleurs. Il convient donc d’adapter notre approche en conséquence.
Deuxièmement, vous allez me dire : « Mais PO, tu es encore saoul ! L’ilio-costal thoracique n’est pas un muscle de l’épaule ! » Élémentaire, mon cher Watson. Cependant, quelle compensation accompagne l’abduction scapulaire ou l’enroulement des épaules comme un collant collé non décollable ? Eh bien, l’hypercyphose ou la flexion thoracique. Avec la moitié de ses insertions sur les six dernières côtes et l’autre moitié aux six premières, l’ilio-costal thoracique devient un stabilisateur primordial de la cyphose thoracique. Il sera donc immanquablement en position excentrique lors de l’hypercyphose et, à l’inverse, il méritera une claque derrière la tête pour se réveiller lorsqu’on se laisse « tomber » en flexion thoracique.
Dans le cas où il serait davantage question d’une dysfonction costo-vertébrale, l’approche demeure inchangée : trouvez la côte problématique et analyser les muscles qui s’y insèrent. Dépendamment de la côte en question, l’équation pourrait inclure :
Ouf, ça fait beaucoup de monde. Heureusement, vous pouvez approcher la problématique comme n’importe quelle dysfonction respiratoire. Vous n’avez qu’un objectif additionnel à considérer : donner un peu d’amour à l’articulation costo-vertébrale qui boude.
OK. Maintenant qu’aucune viande ne déchargera plus sa mauvaise humeur sur notre point interscapulaire, quelle est la prochaine étape ?
Ça y est! Le point interscapulaire se trouve isolé de ses sources de ravitaillement qui l’entretenaient. Ses fortifications sont maintenant désarmées. Mettez votre casque et effectuez une prière à l’entité de votre choix ; c’est le temps de l’assaut frontal. Fiez-vous à votre protocole qui vise le relâchement d’une dysfonction facettaire. Désarmez le spasme défensif des petits muscles paravertébraux (multifides, rotateurs, interépineux et intertransversaires) et employez une mobilisation spécifique. Vous allez alors convenablement mettre sous tension ces articulations et toute cette belle viande afin de vous assurer de bien prendre en charge tout spasme récalcitrant. C’est tout ? Yup. C’est tout.
D’abord, vous avez convenablement planifié votre approche. Ensuite, vous avez adéquatement préparé le terrain. Enfin, vous avez efficacement solidifié votre position et vos ressources. Finalement, vous avez exploité les failles dans les fortifications qui s’opposaient à vous. Après avoir été malin et stratégique, mener la bataille sur le terrain ne devient qu’une culmination, une finalité, une conclusion où le résultat est inévitable.
Bons soins !
Philippe-Olivier Jasmin
Vous reconnaîtrez probablement Philippe-Olivier Jasmin comme un des collaborateurs qui écrit pour le blogue du RMPQ depuis son implantation. Non? Pas de problème! Peut-être comme l’orthothérapeute clinicien aguerri. Celui qui décortique l’anatomie, explore la biomécanique et déniche des tactiques et des approches cliniques efficaces pour ces confrères massothérapeutes? Ou encore, comme le collaborateur pour le blogue de l’AMS et le superviseur-coach d’orthothérapie à leur campus de Montréal? Ou probablement comme celui qui unit des formations de la Chine, de la Colombie-Britannique et des États-Unis à sa formation d’orthothérapeute pour attiser l’étincelle de l’excellence et inspirer ses collègues à être awesome? … … ... Quand il n’est pas en train de masser ou de promouvoir la reconnaissance de la massothérapie par l’éducation, P-O a le nez plongé dans un bouquin, su à exercer sa routine de rame, de callisthénie et de Tai Chi, ou relaxe paisiblement un café à la main. Alors qui est P-O? Un rêveur? Un perfectionniste? Un guerrier pacifiste zen? Pour le découvrir, mets ton casque et viens le rejoindre au front!
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