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20 octobre 2016 | écrit par Philippe-Olivier Jasmin |
Les fameuses scolioses. Que fait-on avec elles? Plusieurs affirment qu’elles sont irréversibles, d’autres, l’opposé. Certains soutiennent qu’elles ne figurent pas dans notre champ d’action, d’autres, que nous pouvons aider les gens affectés par cette condition. Qui dit vrai?
Pour remettre les pendules à l’heure, il convient de connaître notre ennemi.
Deux points sont requis pour recevoir l’étiquette de cette pathologie :
1. Principalement, elle se caractérise simplement par une déviation latérale de la colonne vertébrale sur le plan coronal. Celle-ci perd pied et diverge de son trajet original. Puisque nous aimons notre position verticale, elle a dû déployer une compensation pour revenir poursuivre son chemin vers le haut. Ce détour créera le « C » ou le « S » iconique de la problématique.
2. Malheureusement, une sinuosité vertébrale affectera la cage thoracique. La colonne se tordra, propulsant ses vertèbres en rotation pour tenter de soulager le stress subit par les côtes. Cette adaptation produira un bombement thoracique, la gibbosité.
Mis à part l’évidente sinuosité vertébrale, la scoliose peut présenter plusieurs symptômes connexes :
La pathologie se divise en deux grandes familles :
À leur tour, les scolioses structurelles se ramifient en plusieurs catégories :
Donc, la scoliose est une adaptation compensatrice d’un autre phénomène.
Malgré la distorsion, les scolioses structurelles en elles-mêmes sont rarement douloureuses. Ce symptôme provient davantage des scolioses fonctionnelles ou à un élément compensatoire ou adaptatif à la sinuosité.
Malheureusement mesdames, vous semblez être la cible de prédilection de la problématique avec un ratio en votre faveur d’environ 8:1. Il est donc théoriquement possible que les hormones du système endocrinien déployées à l’adolescence figurent quelque part dans l’équation.
Généreusement plus fréquentes et aussi moins dramatiques que les vraies scolioses, l’attitude scoliotique se veut une version infantile et éphémère des scolioses structurelles. Elle se distingue par trois points :
Notons qu’une scoliose fonctionnelle évolutive peut possiblement effectuer la transition en scoliose idiopathique.
Statistiquement, nous risquons d’être confrontés à quatre types d’ondulations :
Puisque les causes des scolioses structurelles résident hors de notre portée, notre action vis-à-vis celles-ci demeure limitée. Notre approche se voudra plutôt pacifiante et supportera le traitement orthopédique, s’il y a lieu. Malgré tout, le tempérament évolutif de la pathologie nous procurera une certaine marge de manœuvre où nous pouvons tenter de renverser les phénomènes adaptatifs et tenter de ralentir ou de freiner l’évolution.
À l’inverse, les scolioses fonctionnelles se placent confortablement dans notre champ d’action. Elles consistent, après tout, en une adaptation posturale à une problématique musculaire. Heureusement, elles constituent une considérable majorité de la population scoliotique.
L’approche locale typique s’applique : relâcher les paravertébraux forts, ici le côté concave, et stimuler les paravertébraux étirés, ici le côté convexe, pour terminer en renforçant globalement pour solidifier le tout. Armez-vous de patience; le travail s’étalera à long terme.
Il est difficile d’effectuer une stimulation et un renforcement sans exercices. Plus qu’à l’habitude, la contribution du client à la maison deviendra non seulement incontournable, mais aussi indispensable pour une progression satisfaisante.
Avec une approche locale, allez chatouiller, certes, l’iliocoastal, le longissimus et l’épineux, mais n’oubliez pas les splénius et les semi-épineux, ces muscles cervicaux qui descendent bas au niveau du dorsal.
Nous pouvons ajouter nos stabilisateurs latéraux à notre liste d’investigation dans l’approche locale :
Comme dans le cas d’édifices qui se mettent à tanguer, il convient d’investiguer la fondation de votre structure anatomique. Partez de ce qui se rattache aux crêtes iliaques, notamment nos trois stabilisateurs latéraux précédemment mentionnés, et les petits, moyens et grands fessiers. Têtes fémorales en rotation? Comment vont les pelvitrochantériens? Tensions aux quadriceps et aux ischio-jambiers? N’hésitez pas à descendre avec eux et à suivre les tensions plus bas jusqu’à la cheville et le pied si nécessaire.
Considérez aussi toute variable modifiant la stabilité latérale du corps : de la jambe trop courte aux positions statiques avec transfert de poids unilatéral, jusqu’à la position de sommeil sur le côté sur un matelas trop mou.
Évidemment, la déviation et la gibbosité vont modifier l’emplacement dans l’espace et les angles de nombreuses insertions musculaires. Certains muscles seront donc constamment étirés alors que d’autres seront incessamment contractés et que plusieurs travailleront dans des axes qui leur sont désavantageux.
N’oubliez pas : tout muscle avec insertions costales ou vertébrales à la hauteur de la sinuosité risque d’être affecté.
Qui dit cage thoracique dit mouvement respiratoire.
Si les étages lombaires des piliers du diaphragme figurent parmi la déviation, le diaphragme pourrait avoir de la difficulté à se stabiliser suffisamment pour efficacement exécuter un abaissement lors de l’inspiration. Il va donc compenser pour que la ventilation pulmonaire n’en souffre pas, le prédisposant à devenir problématique. Dès qu’il sera inapte, la charge de travail sera transférée aux autres muscles inspirateurs et les problèmes feront un effet domino.
Alternativement, la gibbosité et la sinuosité peuvent entraver directement l’expansion thoracique. Si le mouvement thoracique fait défaut, le corps tentera d’étirer la cage par ses extrémités pour compenser. Dans ce cas, les scalènes, le SCM et le diaphragme vont écoper, de même que possiblement le petit pectoral et le petit dentelé postéro-supérieur.
Même si nous pouvons écrire un roman portant sur les ramifications possibles de la scoliose, ne vous laissez pas intimider par les sinuosités. Partez localement du système axial et suivez les tensions jusqu’au système appendiculaire. Isoler la pathologie pour limiter son influence sur les autres segments du corps demeure une priorité. Ne vous gênez pas pour éliminer les variables une à une. Dans tous les cas, balancez le bas, équilibrez localement la déviation, coupez son influence sur le haut et soutenez le tout avec la participation du client dans son quotidien.
Bons soins!
Philippe-Olivier Jasmin
Vous reconnaîtrez probablement Philippe-Olivier Jasmin comme un des collaborateurs qui écrit pour le blogue du RMPQ depuis son implantation. Non? Pas de problème! Peut-être comme l’orthothérapeute clinicien aguerri. Celui qui décortique l’anatomie, explore la biomécanique et déniche des tactiques et des approches cliniques efficaces pour ces confrères massothérapeutes? Ou encore, comme le collaborateur pour le blogue de l’AMS et le superviseur-coach d’orthothérapie à leur campus de Montréal? Ou probablement comme celui qui unit des formations de la Chine, de la Colombie-Britannique et des États-Unis à sa formation d’orthothérapeute pour attiser l’étincelle de l’excellence et inspirer ses collègues à être awesome? … … ... Quand il n’est pas en train de masser ou de promouvoir la reconnaissance de la massothérapie par l’éducation, P-O a le nez plongé dans un bouquin, su à exercer sa routine de rame, de callisthénie et de Tai Chi, ou relaxe paisiblement un café à la main. Alors qui est P-O? Un rêveur? Un perfectionniste? Un guerrier pacifiste zen? Pour le découvrir, mets ton casque et viens le rejoindre au front!
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