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29 février 2016 | écrit par Philippe-Olivier Jasmin |
Rencontrez la coiffe des rotateurs : le groupe musculaire scapulohuméral. Roi et maître de l’articulation glénohumérale, il doit son appellation à son mouvement principal, la rotation. Cependant, son hégémonie de l’épaule est constamment contestée par ses nombreux et dominants voisins qui soumettent la tête humérale à l’anarchie de leurs impulsions. L’opposition d’un désir de stabilité aux mouvements exaspérants d’une articulation fragilisée par son immense mobilité revient à bâtir une fondation en terrain marécageux : pas la meilleure des idées. La coiffe va donc constamment en guerre contre les forces qui ébranlent la paix dans son petit patelin. Et qui dit nombreux efforts dit nombreuses opportunités à devenir problématique.
Afin de mieux comprendre nos joueurs, il convient de les examiner individuellement.
Le populaire du groupe puisque, statistiquement, il est le plus prompt aux déchirures et tendinopathies. Originaire de la fosse sus-épineuse, passant entre l’acromion et l’apophyse coracoïde pour s’insérer au trochiter. Sa force principale se combine au deltoïde afin d’exécuter l’abduction. Si notre membre de la coiffe devient fautif, le deltoïde deviendra l’unique abducteur digne de ce nom. Une belle prédisposition à la compensation qui propagera les problèmes de la coiffe au deltoïde.
Partant respectivement de la fosse sous-épineuse et du bord externe pour finalement s’unir au trochiter, ces deux muscles sont les seuls qui exécutent la rotation externe aidés du deltoïde postérieur. Les deux se partagent la tâche : l’infraépineux effectue la majorité du travail en position neutre alors que le petit rond s’active davantage avec le bras à 90 degrés et plus d’abduction. Comparons l’étendue et la force de leurs antagonistes : le grand pectoral, le grand dorsal, le grand rond, le deltoïde antérieur et le subscapulaire. Le rapport de force n’est pas en leur faveur, vous serez d’accord.
Le rebelle du groupe situé à l’interne, sur la fosse sous-scapulaire plutôt que l’externe et s’insérant au trochin en opposition au trochiter comme les trois autres, il est l’excentrique qui effectue une rotation interne; le traitre qui se joint aux autres rotateurs internes pour saboter ses confrères.
Malgré tous ces mouvements disparates, les quatre membres de la coiffe de l’épaule unissent leurs efforts pour assurer la stabilité glénohumérale en agissant comme « ligaments actifs ». Toute force appliquée sur l’articulation n’activera pas isolément l’un d’entre eux, mais entrainera invariablement un effort synergique du groupe dans l’objectif d’éviter une dislocation en générant une compression et une centralisation de la tête humérale.
Puisque nos quatre protagonistes agissent à l’unisson, l’atteinte problématique de l’un d’eux amène forcément une instabilité dans une articulation déjà intrinsèquement instable. L’affectation devient rapidement contagieuse alors qu’une compensation s’installe, et l’épaule requiert immanquablement une rééducation complète.
De plus, l’individualité de chacun des muscles de la coiffe n’est qu’une apparence puisque ses tendons, les ligaments et la capsule s’intègrent pour former une couronne qui encercle, englobe et « coiffe » la tête humérale.
Heureusement, la coiffe n’est pas le seul acteur stabilisateur de l’articulation glénohumérale. Les ligaments effectueront leur devoir ancestral sacré d’un complexe ligamentaire.
La position en antérieur des ligaments amortiront aussi surtout l’abduction et la rotation externe. Cependant, seule la bande postérieure du ligament glénohuméral inférieur ralentira la rotation interne, et il ne s’agit pas de sa spécialité. Résister la force rotationnelle des multiples rotateurs internes sera donc majoritairement confié à la coiffe.
En outre, de nombreux propriocepteurs tapissent l’intérieur de la capsule articulaire, concentrés davantage en antérieur et en inférieur. Le contact de la tête huméral avec ceux-ci entraine une activation de la coiffe afin de mitiger le stress exercé sur les ligaments. Comme quoi peu importe la situation, la coiffe des rotateurs sera impliquée à contenir la tête humérale.
En conclusion, l’épaule bénéficie d’une amplitude incroyable endurant une utilisation prodigieuse. Avec un complexe ligamentaire limité, une cavité glénoïde superficiellement concave et de nombreux puissants muscles voisins influençant grandement autant l’omoplate que la tête humérale, la coiffe déploie un effort de stabilisation dans un terrain hautement miné où le fruit de ses labeurs est constamment mis en péril. Elle mérite sa couronne.
Bons soins!
Philippe-Olivier Jasmin
Vous reconnaîtrez probablement Philippe-Olivier Jasmin comme un des collaborateurs qui écrit pour le blogue du RMPQ depuis son implantation. Non? Pas de problème! Peut-être comme l’orthothérapeute clinicien aguerri. Celui qui décortique l’anatomie, explore la biomécanique et déniche des tactiques et des approches cliniques efficaces pour ces confrères massothérapeutes? Ou encore, comme le collaborateur pour le blogue de l’AMS et le superviseur-coach d’orthothérapie à leur campus de Montréal? Ou probablement comme celui qui unit des formations de la Chine, de la Colombie-Britannique et des États-Unis à sa formation d’orthothérapeute pour attiser l’étincelle de l’excellence et inspirer ses collègues à être awesome? … … ... Quand il n’est pas en train de masser ou de promouvoir la reconnaissance de la massothérapie par l’éducation, P-O a le nez plongé dans un bouquin, su à exercer sa routine de rame, de callisthénie et de Tai Chi, ou relaxe paisiblement un café à la main. Alors qui est P-O? Un rêveur? Un perfectionniste? Un guerrier pacifiste zen? Pour le découvrir, mets ton casque et viens le rejoindre au front!
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