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Et si votre cou causait « encore » ces maux de tête chroniques ?

4 juillet 2022  |   écrit par Philippe-Olivier Jasmin  |

Prestidigitations, artifices et illusions. N’importe quel tour de magie demeure avant tout un spectacle. Une fabrication basée sur une manipulation de la perception, beaucoup de poudre aux yeux qui contrôle l’endroit où se pose l’attention et le désir d’être diverti, envoûté ou mystifié. Comme on dit, la perception définit la réalité. Mais PO, tu divagues avec tes illusions. Mon mal de tête est bel et bien réel !

La Classification internationale des céphalées publiée par la Société Internationale des Céphalées est employée, vous l’aurez deviné, au sein du domaine médical par l’entremise de l’Organisation mondiale de la santé. Cette classification catalogue les causes de maux de tête en quatorze catégories exhaustives. Parmi celles-ci, l’une représente fièrement les céphalées cervicogéniques, c’est-à-dire des maux de tête engendrés par le cou. En effet, ce type de céphalées évoque tout mal de tête où le stress mécanique, faisant suer la musculature cervicale, monte littéralement ou figurativement à la tête.

Effectivement, dans le cas de la céphalée cervicogénique, le mal de tête n’est qu’un symptôme. L’extravagance de cette mise en scène voile notre attention de ce qui se passe réellement.

Alors, pourquoi votre cou causerait-il encore des maux de tête chroniques ? Suivez-moi, je vais tout vous expliquer.

Un homme qui a mal au cou lui donne des maux de têtes chroniques

L’occiput boude

Si la base du crâne hurle, quels muscles s’y insèrent ?

  • Le trapèze ;
  • Le semi-épineux de la tête ;
  • Le splénius de la tête ;
  • Les muscles suboccipitaux ;
  • Le long de la tête.

Une sensation de barre horizontale à la base du crâne ? C’est ici que ça se passe ! Peut-être avez-vous repeint votre plafond ou bien lu la tête penchée ? Vous l’aurez deviné, le thème ici est antéro-postérieur.

Tout d’abord, puisque le trapèze se spécialise à stabiliser l’articulation scapulo-thoracique, vous pouvez poliment l’ignorer. Les variables suivantes participeront au tour de magie bien avant lui.

Le muscle semi-épineux de la tête représente un puissant extenseur et est le principal frein lorsque la tête s’éloigne de la ligne du corps soit en protraction. Après tout, il n’y a aucun problème de tenir un sac de patates contre soit ! Par contre, tenir un sac de patates à bout de bras, c’est plus problématique.

Quant au splénius de la tête, celui-ci joue la girouette avec des fonctions multiaxiales. En effet, sa continuité et son chevauchement avec le sterno-cléido-mastoïdien forment l’une de nos principales courroies stabilisatrices qui aspirent à conserver notre tête sur nos épaules. De manière antéro-postérieure, il représente un frein de secours lors de la protraction. Latéralement, il retiendra ou, inversement, encouragera la tour de Pise à tomber tout en stabilisant les translations latérales. Finalement, le fascia du splénius de la tête est fusionné à celui du rhomboïde controlatéral. Ce croisement engendrera de fréquentes plaintes. Premièrement, lors des dysfonctions rotatives cervicothoraciques. Deuxièmement, lors du fameux package deal qu’est la protraction cervicale accompagnée de l’hypercyphose thoracique et l’enroulement des épaules.

Les suboccipitaux, quant à eux, demeurent notre puissant gyroscope stabilisateur de la tête. Ils sont donc les premiers à remettre en question leurs choix de vie lors de toute instabilité de la tête sur le cou.

En tout dernier, il est question du long de la tête. Celui-ci essaie désespérément, en vain, de contrecarrer la protraction cervicale.

Ouf ! Beaucoup de balles avec lesquelles jongler. Poursuivons en descendant dans le cou.

Une femme avec des douleurs au cou

Les premières vertèbres cervicales pleurent leur vie

Si les vertèbres C1 à C3 sont tiraillées, quels muscles s’y insèrent ?

  • Le splénius cervical ;
  • L’élévateur de la scapula ;
  • Le semi-épineux cervical ;
  • Le longissimus cervical ;
  • Les scalènes ;
  • Les muscles suboccipitaux ;
  • Les interépineux, les intertransversaires et les multifides ;
  • Le long du cou.

Plus précisément, ce sont des douleurs, des barres ou des points dans le haut du cou qui grimpent inévitablement au crâne. Traditionnellement, ces douleurs proviennent d’un dérangement intervertébral mineur (DIM), une dysfonction facettaire, qui rôde et sabote la région. Donc, quels sont nos agents provocateurs ?

Le splénius cervical, le semi-épineux cervical et le longissimus cervical sont une clique d’extenseurs cervicaux. Ils forment donc un frein supplémentaire dans les cas de protraction. Des points entre les omoplates accompagnent vos maux de tête ? Ces muscles abusent régulièrement de leurs insertions thoraciques. Ils sont donc prompts à développer des DIM thoraciques. Le splénius et le semi-épineux de la tête, vus plus haut, sont tout aussi champions à engendrer ce genre de symptômes.

L’élévateur de la scapula, ce petit anxieux, s’empresse de répondre en élevant l’épaule afin de protéger le cou en cas de situation stressante. Vous vous obstinez avec le fameux « nœud au trapèze » ? Le tendon scapulaire de l’élévateur qui grimpe dans les rideaux demeure la première piste d’investigation. Finalement, tout comme le splénius de la tête et le sterno-cléido-mastoïdien, l’élévateur forme une courroie stabilisatrice additionnelle avec les scalènes.

Parlant des scalènes, étant des fléchisseurs, ils pèsent lourdement dans la balance de la protraction. De plus, ils seront parmi les premiers au front prêts à compenser une dysfonction du diaphragme. Ils accompagnent donc main dans la main l’élévateur à toute réponse face à un stress. Finalement, ils sont fréquemment surnommés les carrés des lombes du cou. Ils forment de puissants piliers stabilisateurs latéraux et leur effet bilatéral comprime grandement les étages vertébraux comme des crêpes. Bonjour la hernie discale !

Si nous revenons aux suboccipitaux, ces collants collés non décollables, se placent fièrement dans l’équation de toute dysfonction facettaire au niveau de C1 ou C2. Devoir leur donner un peu d’amour dans leur vie est fréquemment le premier objectif clinique inévitable. Aussi, rappelons que les suboccipitaux partagent généreusement leur mécontentement au grand nerf occipital, de même qu’à l’artère vertébrale. Ce sont deux sources additionnelles aux maux de tête cervicogéniques (comme s’il n’y en avait pas déjà suffisamment).

Pour conclure, les interépineux, les intertransversaires et les multifides spasmeront inévitablement à titre de mécanisme de défense lors de n’importe quel DIM.

Encore avec moi ? Avec autant de variables, il est normal de ne plus savoir où donner de la tête. On achève ! Remontons sur le crâne.

Anatomie de l'apophyse mastoïdienne

L’apophyse mastoïdienne est de mauvaise humeur

Si ce carrefour tendineux du crâne est congestionné pare-chocs à pare-chocs, quels muscles s’y insèrent ?

  • Le sterno-cléido-mastoïdien (SCM) ;
  • Le splénius de la tête ;
  • Le longissimus de la tête ;
  • Le digastrique ;
  • Le stylo-hyoïdien.

Des douleurs sous l’oreille qui remontent sur le côté de la tête ? Saluons la mastoïde.

Les mouvements du SCM hurlent protraction avec sa flexion cervicale et l’extension de la tête. Cependant, soulignons de nouveau son rôle de stabilisateur multiaxial conjointement avec le splénius de la tête. De plus, le fascia des SCM est fusionné aux grands pectoraux. L’un transmet donc aisément à l’autre sa mauvaise humeur. Pour terminer, les SCM suivent de très près les scalènes dans toute dysfonction du mouvement respiratoire.

Comme nous l’avons vu, le longissimus de la tête est un extenseur. De ce fait, une problématique se pointe le bout du nez lorsqu’il tente frénétiquement de freiner la chute de la tête vers l’avant en protraction.

À son tour, le digastrique transmet le stress mécanique de l’hyoïde et la mandibule à la mastoïde.

Le stylo-hyoïdien, lui, ne s’insère pas dans l’apophyse mastoïde, mais plutôt dans l’apophyse styloïde qui est tout près. Néanmoins, il créera des symptômes similaires en raison de sa proximité.

C’est tout ? Eh oui, je vous ai dit qu’on achevait ! Pour cette dernière partie, déplaçons-nous à côté de l’articulation temporo-mandibulaire.

Anatomie de l'articulation temporo-mandibulaire

L’articulation temporo-mandibulaire grogne

Si la mâchoire grince des dents, quels muscles s’y insèrent ?

  • Le masséter ;
  • Le temporal ;
  • Les ptérygoïdiens ;
  • Le mylo-hyoïdien ;
  • Le génio-hyoïdien ;
  • Le digastrique.

Comment réagissons-nous lors d’une situation très stressante ? Eh bien, soit on part à courir en hurlant avec les bras dans les airs, soit on met un casque et on serre la mâchoire. Qui dit grincer des dents dit masséter, temporal et ptérygoïdien médial. À l’inverse, le ptérygoïdien latéral, le mylo-hyoïdien, le génio-hyoïdien et le digastrique nous font bâiller et ouvrir la mâchoire. Ils sont donc fréquemment excentriquement hypertoniques lors du grincement de dents.

Finalement, les muscles hyoïdiens forment un élastique fléchisseur de la tête sur le cou ; il sera donc mis sous tension excentrique lors de la protraction cervicale.

Avec un marteau-piqueur dans le crâne et autant de variables cervicales qui accaparent avec fanfare notre attention, il devient facile d’être diverti par un tel spectacle. Néanmoins, les objectifs cliniques prioritaires demeurent immuables : dégagez les points d’insertion musculaires au niveau du crâne, remettez la tête sur les épaules et portez attention à toute dysfonction du mouvement respiratoire au besoin. Connaître les engrenages du tour de magie permet de discerner la prestidigitation pour ensuite agir efficacement aux endroits stratégiques de la problématique. Après tout, un éléphant dans un magasin de porcelaine est un problème en soi. Cependant, la question la plus pertinente pour éviter la récurrence serait : comment s’est-il échappé du zoo et qui cache des cacahuètes[1] dans le magasin ?

Bons soins !

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[1] Oui, le fait que les éléphants mangent des cacahuètes est un mythe.
7 idées reçues sur les éléphants. Autour des animaux. https://www.autourdesanimaux.com/faune-sauvage/les-elephants#les-elephants-adorent-les-cacahuetes  

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Philippe-Olivier Jasmin

Vous reconnaîtrez probablement Philippe-Olivier Jasmin comme un des collaborateurs qui écrit pour le blogue du RMPQ depuis son implantation. Non? Pas de problème! Peut-être comme l’orthothérapeute clinicien aguerri. Celui qui décortique l’anatomie, explore la biomécanique et déniche des tactiques et des approches cliniques efficaces pour ces confrères massothérapeutes? Ou encore, comme le collaborateur pour le blogue de l’AMS et le superviseur-coach d’orthothérapie à leur campus de Montréal? Ou probablement comme celui qui unit des formations de la Chine, de la Colombie-Britannique et des États-Unis à sa formation d’orthothérapeute pour attiser l’étincelle de l’excellence et inspirer ses collègues à être awesome? … … ... Quand il n’est pas en train de masser ou de promouvoir la reconnaissance de la massothérapie par l’éducation, P-O a le nez plongé dans un bouquin, su à exercer sa routine de rame, de callisthénie et de Tai Chi, ou relaxe paisiblement un café à la main. Alors qui est P-O? Un rêveur? Un perfectionniste? Un guerrier pacifiste zen? Pour le découvrir, mets ton casque et viens le rejoindre au front!

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