Accès membres et assureurs


Trouver un thérapeute

Affinez votre recherche avec les critères ci-dessous :

Heures d'affaires

Lundi L
Mardi M
Mercredi M
Jeudi J
Vendredi V
Samedi S
Dimanche D
AM
PM
Soir
    

Blogue

La massothérapie et le soin des douleurs projetées

8 août 2022  |   écrit par Manon Dussault  |

« Pourquoi mon massothérapeute ne me masse-t-il pas à l’endroit où je lui ai indiqué avoir des douleurs et des inconforts ? » En tant que massothérapeutes, combien de fois nos clients nous ont fait part de cette réflexion ? Combien de fois avons-nous senti cette incompréhension dans leur voix ou leur regard ?

Il est vrai que dans le cas d’un massage qui vise la détente ou qui a pour objectif d’obtenir le relâchement des tensions musculaires, nos manœuvres se feront le plus souvent au niveau local. Par contre, lorsqu’on parle de massage thérapeutique, qui a pour but de soulager les inconforts de nos clients, il est important de connaître les différents types de douleurs et leurs potentielles provenances.

Une personne souffre de douleurs au poignet

Voici une courte description qui nous aidera à mieux comprendre les 3 types de douleur [1] que nous pouvons rencontrer et pour lesquels nous pourrons adapter nos techniques de massage :

  1. La douleur locale. Elle est ressentie à l’endroit même de la lésion tissulaire. Elle est généralement superficielle et peu sévère.
  2. La douleur régionale ou irradiante. Elle est ressentie dans une région, sans être précise. La sensation est plus diffuse que la douleur locale. Pour ce type de douleur, la lésion est généralement plus éloignée du point de douleur ou plus profonde.
  3. La douleur projetée. Elle est ressentie à distance du foyer de la lésion. Elle peut également s’accompagner de symptômes neurologiques supplémentaires :
  • Engourdissement ou anesthésie ;
  • Paresthésies (picotements, fourmillements ou chocs électriques) ;
  • Dysesthésie (diminution ou exagération de la sensibilité).

Puisque les inconforts et les douleurs de nos clients peuvent avoir diverses origines, nous tenterons donc, à l’aide de notre questionnaire santé et de la période d’échange avec le client, de trouver la provenance ainsi que la cause. Puis, c’est à partir de ces informations que l’on choisira le type de soin à prodiguer.

Un homme se tenant le genou à de la douleur

La douleur locale

Ce type de douleur devrait normalement être facile à déceler. Effectivement, notre client nous dit avoir un inconfort à un endroit bien précis. Lors de notre exploration, nous constatons que le ou les muscles indiqués par notre client sont sensibles au toucher, noués ou tendus. Dans ce cas, nous pourrons orienter notre approche au niveau local, par exemple :

  • Notre client nous mentionne ressentir une tension douloureuse « là », en indiquant ses trapèzes. Il est livreur, donc il soulève souvent des colis lourds.

À la palpation, nous ressentons clairement cette tension.

Pas de grands mystères ici.

Nous travaillerons plus localement, au niveau de ces muscles spécifiques, afin de relâcher les nœuds et les tensions. Puis, nous travaillerons en détente plus globalement, auprès des muscles périphériques, dans le but d’atteindre une détente musculaire optimale.

La douleur régionale ou irradiante

Dans certains cas, il arrive que le point de douleur ne soit pas le lieu de la lésion. D’ailleurs, à la palpation, nous ne ressentirons pas de tension ni de nœud au niveau de la zone douloureuse. Cependant, en explorant un peu plus aux alentours, nous découvrirons, à la grande surprise de notre client, que le point de tension se trouve plus loin. Voici un exemple :

  • Notre client joue au tennis tous les samedis après-midi et nous informe d’une douleur au niveau de son pouce droit.

Il est possible que la douleur provienne directement de son muscle opposant ou de l’adducteur de l’hallux parce qu’il tient sa raquette trop fort. Par contre, il est aussi possible que ses muscles se portent très bien ; pas de douleur, ni en flexion, ni en extension, ni à la palpation. Néanmoins, en remontant en direction du coude par la face dorsale de l’avant-bras, il est bien possible que nous trouvions une belle grosse tension sur le muscle long extenseur de l’hallux. Certes, nous pourrions aussi ressentir une tension dans l’un ou l’autre des muscles extenseurs des doigts. En effet, ceux-ci participent également à l’extension du poignet et passent directement sur le long extenseur de l’hallux.

Dans ce cas-ci, nos connaissances anatomiques nous confirmeront qu’il y a bien un lien possible entre la tension trouvée en périphérie et le site de la douleur ressentie. Il sera donc assez facile d’expliquer ce lien à notre client pour justifier la raison de notre travail en périphérie.

Un autre cas qui nous amène le plus souvent à travailler à distance de la douleur ressentie est celui où la douleur est causée par les muscles antagonistes. Voici un exemple :

  • Notre client travaille 35 heures par semaine à l’ordinateur et nous fait mention d’une douleur ressentie au niveau scapulaire.

Dans ce cas, il se pourrait que la tension soit locale, mais il y a aussi de forts risques que la douleur soit plutôt causée par les muscles pectoraux. Effectivement, ces derniers passent plusieurs heures par jours contractés, dans la posture de la crevette, et créent une tension sur les muscles dorsaux qui s’attachent à la scapula. Dans cette situation, il serait intéressant d’expliquer à notre client pourquoi nous voulons travailler à relâcher les pectoraux, alors qu’il nous a mentionné avoir mal à l’omoplate.

Un homme travaillant à l'ordinateur à une douleur à l'épaule

La douleur projetée ou référée

À l’occasion, nos clients nous décrivent plutôt des douleurs diffuses, des sensations d’engourdissement ou même d’hypersensibilité au niveau d’un membre ou d’une région. On parlera alors de douleurs projetées.

Ces dernières peuvent être causées, entre autres, par la tension des muscles profonds ou par le coincement d’un nerf par une structure osseuse occasionné par la tension de muscles distaux. Voici un exemple :

  • Notre même client, qui travaille 35 heures par semaine assis devant un ordinateur, nous fait part d’une sensation de brûlure au niveau de l’aine.

Il est possible que la douleur soit causée par les adducteurs ou les quadriceps. Il ne faut toutefois pas négliger la possibilité que cette sensation de brûlure soit causée par une contraction des différents muscles qui s’attachent au niveau de la charnière dorso-lombaire[2]. Ces muscles pourraient effectivement, par leur contraction, causer le rapprochement des vertèbres et ainsi irriter le nerf crural ou l’ilio-inguinal. Donc, ils pourraient causer la sensation de brûlure au niveau de l’aine.

Dans ce cas-ci, il est fort probable que notre travail ne s’effectuera pas au niveau de la douleur ressentie, mais plus au niveau des muscles qui s’attachent aux vertèbres D12 et L1. Nous pourrions aussi choisir d’utiliser des manœuvres qui visent à étirer ou relâcher les différents muscles de la région lombaire.

Il arrive souvent que nous constations ces possibilités uniquement au cours du massage. Donc, il ne faut pas hésiter à informer notre client du nouveau plan de match.

Rappelons-nous que chaque fois que nous n’expliquons pas les raisons de nos manœuvres indirectes, notre client se questionne. Il est donc important de lui communiquer ce que nous faisons et pourquoi. Il sera rassuré de comprendre nos gestes et les raisons qui motivent les changements apportés au soin prévu. De plus, notre client se sentira plus en confiance, si nous justifions notre démarche.

Alors, qu’est-ce qu’on répond à nos clients ?

En début de carrière, nous manquons souvent de confiance en nous et en notre légitimité. De ce fait, nous prenons moins le temps d’exposer à nos clients ce que nous comptons faire pour les aider. Ce sentiment est généralement amplifié lorsque nous devons expliquer la raison d’un changement au plan de soin initial. À quelques occasions, nous avons peut-être même eu peur de décevoir nos clients en utilisant des techniques nouvelles ou différentes.

Avec les années, nous élargissons notre champ de connaissances du corps humain par nos lectures, nos formations et nos expériences. Nous développons notre expertise concernant les interactions entre le système nerveux et les différents groupes musculaires.

Que nous soyons en nos débuts dans la profession ou très expérimentés, si nos clients reviennent nous voir, c’est qu’ils nous font confiance. Donc, nous ne devons pas hésiter à ajuster nos techniques ou modifier notre plan de départ. Nous devons être confiants face à nos choix. J’oserais même dire qu’il vaut mieux être proactif en ce qui concerne les explications.

Prenons le temps d’expliquer à nos clients, le comment et le pourquoi, avant même qu’ils posent la question. Nous augmenterons ainsi leur confiance et leur bien-être.

Finalement, la vraie question que nous devrions nous poser est la suivante : en tant que thérapeutes, devons-nous répondre aux attentes de nos clients par les techniques utilisées ou plutôt par le résultat obtenu ?

Publicité

[1] JF Duranleau. (28 février 2012). Les douleurs irradiantes ou référées. Ostéo et compagnie.  http://www.osteopathieetcie.com/2012/02/28/douleurs-locale-irrandiante-referee/#:~:text=La%20douleur%20locale%20est%20ressentie,probablement%20superficielle%20et%20peu%20s%C3%A9v%C3%A8re.

[2] Cycl’osteo. (27 mai 2019). Quels sont les bénéfices de l’ostéopathie sur le syndrome de Maigne? https://www.cyclosteo.fr/le-syndrome-de-maigne-ou-sydrome-de-la-charniere-dorso-lombaire/

Vous aimerez aussi...

La massothérapie pour les personnes âgées

Massothérapie et vécus traumatiques en lien avec les abus sexuels

Comment la pratique d’un sport peut changer ta musculature?

Manon Dussault

Masso-Kinésithérapeute diplômée en massage Suédois depuis 2007 et en Kinésithérapie depuis 2015, Manon a poursuivi ses études dans diverses techniques de massage et de thérapie manuelle afin de pouvoir mieux répondre aux besoins de sa clientèle. En 2016, avec une collègue, elle co-écrit et publie deux « Guides pratiques de masso-kinésithérapie ». Ces ouvrages axés sur les techniques d'évaluations et de soins de Kinésithérapie lui permettent de partager ses connaissances avec la communauté des thérapeutes manuels à travers la francophonie. C’est finalement en 2018, après plus de 16 ans à l’emploi de la fonction publique du Québec, où elle a pu acquérir et développer des talents en communication, rédaction de manuel de formation et de protocole et de formatrice, qu’elle a décidé de se consacrer exclusivement à sa carrière de masso-kinésithérapeute. C’est donc avec tout ce bagage professionnel et l’envie de partager ses connaissances et découvertes qu’elle a joint l’équipe des collaborateurs du Réseau.

Mes articles

Recevez nos articles de blogue par courriel