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Les muscles et le froid ne font pas toujours bon ménage

14 février 2022  |   écrit par Julien Pinsonneault  |

Les doux flocons qui forment les tapis blancs québécois laissent place à la dégringolade du mercure durant la rude période hivernale. Ce refroidissement éolien a des effets indéniables sur le corps humain et impose à l’organisme de réaliser des efforts supplémentaires pour essayer de s’y adapter. Allons découvrir plus précisément quels impacts a le froid sur le système musculaire lors d’activités extérieures et quelle empreinte favorable peut apporter la massothérapie.

Une personne court l'hiver, les muscles et le froid ne font pas toujours bon ménage

Le corps humain face au froid

Tout d’abord, la température environnante peut avoir une grande influence sur l’intégrité d’un travail musculaire. En fait, il est plus difficile pour les muscles de se contracter par temps froid que par temps chaud. Ainsi, la thermorégulation du corps devient un enjeu crucial à son bon fonctionnement. Au repos et au chaud, les muscles squelettiques fournissent de 20 à 30 % de la totalité de la chaleur corporelle, mais cet état change drastiquement à la moindre variation du tonus musculaire. À titre d’exemple, imaginez-vous faire la transition du confort de votre lit à un mercure de -30°C pour aller pelleter votre entrée de cour avant d’aller au travail.

Or, en situation de froid, la quantité de chaleur produite par les muscles striés peut être de 30 à 40 fois supérieure à celle produite par le reste de l’organisme. Par ailleurs, on retrouve les muscles striés au niveau des muscles squelettiques et du cœur. Le système musculaire représente environ 43% de la masse du corps d’un adulte.

L’activité physique

Plus précisément, lors d’une activité physique, il est connu qu’une réduction de la température corporelle provoque une diminution sans équivoque de la performance. Il est important de savoir que cette altération serait attribuable en grande partie à une diminution de l’énergie calorifique intramusculaire. À titre indicatif, pour chaque degré perdu par rapport à la température centrale normale du corps (37 C), vous devez envisager une baisse de 4 à 8 % de la performance musculaire.

L’une des clés responsables de cette capacité réduite à générer une force exprimée sur la section transversale d’une unité motrice vient du fait que la température agit sur la capacité de l’oxygène à être libérée de l’hémoglobine. Autrement dit, lorsque le thermomètre est à la baisse, la dissociation de l’oxygène devient plus difficile, car l’affinité de l’hémoglobine pour l’oxygène est augmentée. Alors, en limitant ce taux de libération, la quantité relative d’oxygène disponible pour les muscles est à la baisse, ce qui rend la contraction plus laborieuse. Je vous invite à imaginer les fibres musculaires comme des bandes d’argile en poterie. Plus l’argile est chaude et bien préparée, plus elle est souple et facilement modulable. Toutefois, lorsqu’elle est mise à basse température, elle se raidit et elle répond plus difficilement aux forces infligées par le plateau tournant du potier.

Une personne fait de l'activité physique l'hiver, frissonner pour se réchauffer

Frissonner pour se réchauffer

Pour pallier cet enjeu de thermorégulation, le corps recrute plus particulièrement des fibres motrices à contraction rapide afin de déclencher la thermogénèse de frissons à l’issue de signaux provenant de l’hypothalamus. Plus précisément, il s’agit d’une glande du cerveau impliquée dans la régulation de plusieurs fonctions de notre organisme, dont la faim et la soif. Cette stratégie a cependant pour effet d’augmenter la glycolyse dans les muscles refroidis par un facteur de 5 à 6 fois par rapport à la normale. Ce qui a pour incidence d’augmenter les taux de lactates, de même que l’épuisement des réserves de glycogène musculaire, soit le supercarburant à l’effort. Donc, la diminution de la température influence à la négative la puissance musculaire absolue et abaisse parallèlement la vitesse à laquelle l’énergie est produite au niveau cellulaire.

Comment l’organisme répond au froid

Pour limiter les pertes de chaleur, le corps humain tend à resserrer les vaisseaux sanguins en périphérie pour concentrer la circulation sanguine tout près des organes vitaux par vasoconstriction. Autrement dit, si la température centrale diminue, l’activité tonique des artérioles cutanées du corps est augmentée. Celle-ci est enclenchée par les neurones sympathiques et orchestrée par l’hypothalamus afin de réduire leur diamètre. Ainsi, en offrant une résistance accrue au flux sanguin en superficie de la peau, le sang est redirigé vers les vaisseaux de moindre opposition à l’intérieur. Autrement dit, le sang reste au chaud, loin de la surface de la peau.

Toutefois, si ce mécanisme de protection persiste, des dommages importants peuvent en résulter. En effet, des cristaux de glace peuvent se former dans les liquides interstitiels, les tissus corporels et les cellules sanguines. D’ailleurs, saviez-vous qu’il est plutôt souhaitable de réchauffer les zones refroidies sans appliquer de mouvement aux tissus ? En fait, il est souhaitable d’opter pour un enveloppement passif de la zone afin d’encourager un apport progressif de chaleur au lieu de frotter, masser ou secouer ceux-ci. En d’autres mots, vous pourriez porter plusieurs couches de vêtements lors d’une sortie hivernale et appliquer de la chaleur sur les muscles refroidis à votre retour. Par exemple, vous emmitouflez dans une couverture avec une bouillotte d’eau à la température normale du corps serait une belle approche à adopter.

Température du corps, froid et normal

Quelques données scientifiques

De plus, je tiens à vous préciser qu’il n’y a pas de différences fondamentales entre les sexes quant au fonctionnement du métabolisme en réaction au froid 1. Par contre, certaines études effectuées avec des hommes et des femmes cisgenres ont démontré que la température centrale tend à chuter plus lentement dans le corps de la femme, en raison de la répartition plus globale des couches graisseuse autour des organes vitaux. D’autres éléments entrent également dans l’équation, dont la masse musculaire.

En effet, celle-ci peut aller jusqu’à 50 % de plus chez les hommes comparativement à celle de la gent féminine. Cette source d’énergie qui compose le système musculaire est l’une des pierres angulaires pour alimenter le mécanisme de frissonnement. Il est à la base des défenses du corps pour qu’il puisse se réchauffer. Effectivement, un muscle qui frissonne peut produire jusqu’à 5 à 6 fois plus de chaleur qu’au repos. Tout compte fait, la différence de ressenti entre les sexes viendrait majoritairement du fait que les dames auraient tendance à ressentir davantage l’inégalité de chaleur entre leurs zones proximales (ex. : tronc) et leurs extrémités (ex. : mains et pieds) que la gent masculine. Aussi, le corps ne mesure pas des températures absolues, mais perçoit plutôt les fluctuations thermiques entre l’environnement externe et la température centrale. Cette fameuse étiquette d’impression frigorifique est de toute évidence bien fondée, mesdames.

Un client reçoit un soin de massothérapie

Lorsque la massothérapie entre en jeu 

Afin de limiter les pertes de chaleur, le corps tentera intuitivement de réduire la surface exposée. En effet, il adoptera une posture de recroquevillement. Il va sans dire que des tensions musculaires superflues en découleront fort probablement et qu’elles affecteront par transitivité la posture. Également, l’air frais et sec hivernal assèche malheureusement la peau. Les vertus hydratantes des huiles de massage et leurs compléments vitaminiques ainsi qu’antioxydants sont donc à ne pas sous-estimer.

Considérant ces faits, une préparation adéquate de la musculature avant d’affronter la rudesse hivernale est intéressante pour améliorer ou même redécouvrir les activités extérieures. Que ce soit par une activation du système circulatoire sanguin, musculaire ou neuromusculaire, le massothérapeute demeure un intervenant de choix pour vous aider à rester actif tout en minimisant les impacts potentiellement négatifs du froid sur votre corps. Par exemple, afin de retrouver ses bienfaits, vous pourriez opter pour un massage suédois avec l’inclusion de techniques de massage sportif, biocorporel, de drainage lymphatique ou de kinésithérapie.

Finalement, habillez-vous chaudement et préparez adéquatement votre corps avant d’aller façonner, à votre tour, les tapis blancs d’ici.

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1 Sauvée, F. (2016). Pourquoi les filles gèlent-elles plus? Consulté le 09/01/2021. Récupéré de : https://www.espaces.ca/articles/actualites/586-pourquoi-les-filles-gelent-elles-plus

Doubt T. J. (1991). Physiology of exercise in the cold. Sports medicine (Auckland, N.Z.), 11(6), 367–381. https://doi.org/10.2165/00007256-199111060-00003

Poortmans, J. (2012). Biochimie des activités physiques et sportives (2e édition). De Boeck.

Renberg, J., Nordrum Wiggen, Stranna Tvetene, P., Færevik, H., Van Beekvelt, M., & Roeleveld, K. (2020). Effect of working position and cold environment on muscle activation level and fatigue in the upper limb during manual work tasks. International Journal of Industrial Ergonomics, 80. https://doi.org/10.1016/j.ergon.2020.103035

Unglaub Silverthotn, D. et al. (2007). Physiologie humaine : Une approche intégrée (4e édition). Pearson.

 

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Julien Pinsonneault

  Fier Maskoutain, ce passionné de l’anatomie est un adepte de la course à pied sous toutes ses formes. Son amour du sport et de la performance l’ont mené à développer, au fil du temps, une expertise clinique auprès des sports d’endurance. Julien est animé par les mille et un secrets que renferme la machine humaine. Ses multiples implications communautaires et professionnelles font de lui un acteur clé dans l’épanouissement ainsi que la valorisation de la massothérapie. C’est avec un regard inclusif et ancré sur les données probantes que ce thérapeute aux multiples chapeaux prendra plaisir à démystifier l’univers de la santé pour vous et vos clients. Bonne lecture!

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