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2 mai 2018 | écrit par Philippe-Olivier Jasmin |
Fasciite plantaire, pied plat ou creux, entorse à la cheville, tendinite, bursite et bien d’autres. Les problèmes de la cheville et du pied sont légion. Pourtant, bien des thérapeutes semblent délaisser ces articulations à moins qu’un client exprime une douleur locale, et, même dans ce cas, la problématique se voit fréquemment approchée avec des œillères, aveugle à ce qui se passe autour.
Afin de ne pas perdre pied face à de telles problématiques, donnons un peu plus d’attention au pied et à la cheville. Débutons avec un peu d’anatomie.
Partons du début : les muscles. Pour nous simplifier la vie, divisons la cheville en quatre compartiments délimités par leurs enveloppes de fascia.
Le compartiment antérieur contient le tibial antérieur, les extenseurs des orteils et le troisième fibulaire. Bref, les muscles exécutant la dorsiflexion. Leurs rôles dans l’inversion/éversion et l’abduction/adduction s’inverseront dépendamment si nous nous dirigeons davantage vers le tibial ou le fibulaire. Aussi, tous ces tendons seront plaqués contre la cheville par un rétinaculum, une bande fibreuse de tissu conjonctif, site enclin aux fibroses, irritations, compressions, etc.
Le compartiment latéral renferme le long et court fibulaire. Ceux-ci se glissent derrière la malléole externe pour s’en servir comme poulie et effectuer principalement l’abduction et l’éversion du pied, mais aussi la flexion plantaire. Cette section formera donc notre première ligne de défense contre les entorses de la cheville.
Le compartiment postérieur superficiel formé du triceps sural et du plantaire représente la section familière à monsieur et madame Tout-le-monde. Bref ceux qui s’insèrent dans la partie supérieure du calcanéus réalisant puissamment la flexion plantaire.
Le compartiment postérieur profond inclut le tibial postérieur et les fléchisseurs des orteils. Bref, les muscles touchant à la membrane interosseuse pour se faufiler derrière la malléole interne afin de l’employer comme poulie pour tirer en flexion plantaire, adduction et inversion.
La voûte plantaire est constituée de quatre arches.
• L’arche longitudinale médiale est formée du talus, du calcanéus, des trois cunéiformes et du premier métatarse. Cette arche est souvent celle qui nous vient à l’esprit lorsque l’on discute d’arches plantaires et de pieds plats ou creux. Puisqu’elle subit la majorité de notre poids, elle porte à vouloir facilement s’effondrer.
• L’arche longitudinale latérale est composée du calcanéus, du cuboïde et des quatrième et cinquième métatarses. Elle joue principalement un rôle stabilisateur pour sa consœur médiale.
• L’arche transverse proximale est délimitée par nos cunéiformes et le cuboïde. Cette arche se fait supporter par un fort complexe ligamentaire sous-jacent. À moins d’un trauma, il est plutôt rare que celle-ci devienne problématique même si un os du tarse stressé peut manifester des symptômes dans la région.
• L’arche transverse distale est constituée simplement des têtes de nos cinq métatarses. Cette arche se veut malléable puisqu’elle ne tient que par l’action de tissus mous.
Nous ajoutons à cette liste ce que nous appelons communément les demi-dômes, c’est-à-dire l’espace vouté encerclé de nos arches. Fermés par l’aponévrose plantaire et un important complexe ligamentaire, ces demi-dômes sont conçus pour s’affaisser lors des phases du contact du talon et d’appui de la démarche pour ensuite rebondir lors de la propulsion et de la phase oscillante.
Le pied se place vaillamment au front comme premier amortisseur du corps. En effet, Il subira en premier notre poids de même que la force de réaction du sol. Toute affection des arches plantaires nuira à cette fonction. Les forces non absorbées par le pied martèleront incessamment de plein fouet des structures plus haut qui se défendront en déployant un mécanisme compensatoire. Bref, comment se prédisposer à bien des problèmes.
Si ces arches sont si importantes, la question qui surgit naturellement est : « Quels mécanismes musculaires les supportent? »
Trois phénomènes biomécaniques influencent la voûte de nos arches :
Soulignons que bien des facteurs autres que musculaires peuvent se pointer le bout du nez. Par exemple, il peut devenir laborieux de contrecarrer l’effet sur les arches d’un port de talons hauts si ceux-ci sont portés quarante heures par semaine. De même, dans le cas de quelqu’un marchant sur les orteils, il se veut futile de s’opposer à l’influence d’un centre de gravité décentré sans le rééquilibrer.
Maintenant que nous avons fait le tour de nos arches, penchons-nous davantage sur nos relations musculaires.
Si nos tensions peuvent voyager autant entre les articulations, nous ne pouvons approcher un problème de cheville sans investiguer ce qui se passe en haut jusqu’à la ceinture pelvienne.
Nous pouvons déceler deux types de relations : les simples et les compliquées.
Dans sa version simple, tout le monde se lance dans la même direction. En théorie, si notre hanche tourne en rotation externe, le genou devrait la suivre pour ensuite entrainer le pied en abduction, pointé vers l’extérieur. Dans ce cas, le problème se trouve au niveau de la hanche; le restant du membre inférieur ne fait que suivre.
Malheureusement, la jambe est conçue comme l’avant-bras; le tibia et la fibula tendent naturellement à se tordre. De plus, il existe un phénomène magique dénommé la gravité. Et puisque la jambe supportera incessamment le poids du corps, elle réagira fréquemment différemment aux forces rotationnelles.
Vous pouvez accomplir l’expérience vous-même : debout, gardez le poids sur une jambe pour envoyer son genou vers l’intérieur. Bien que vous exécutiez une rotation interne de la hanche, votre pied se lancera subtilement dans la direction opposée, vers l’extérieur.
La version compliquée ira comme suit : une rotation interne de la hanche sera accompagnée d’un genou valgum, d’une abduction et éversion du pied et, donc, d’un affaissement de l’arche plantaire. Au contraire, une rotation externe de la hanche amènera un genou varum, une adduction et inversion du pied et, donc, une augmentation de l’arche plantaire.
On vous l’a fréquemment répété : une articulation dépend de l’articulation qui la précède. C’est pourquoi les problèmes évoluent habituellement de proximal à distal. Dans cette optique, nos syndromes d’enchainement devraient se manifester en syndromes descendants, de la ceinture pelvienne jusqu’à la cheville. Malheureusement, à cause de la gravité et le support du poids du corps, l’énoncé devient débattable chez les membres inférieurs où nous pouvons plutôt être en présence d’un syndrome ascendant, qui évolue du pied au bassin. Si vous ne savez plus sur quel pied danser, suivez vos tensions et ne soyez pas effrayé d’aller explorer les autres segments du membre inférieur ou de changer l’angle de votre approche.
Bons soins!
Philippe-Olivier Jasmin
Vous reconnaîtrez probablement Philippe-Olivier Jasmin comme un des collaborateurs qui écrit pour le blogue du RMPQ depuis son implantation. Non? Pas de problème! Peut-être comme l’orthothérapeute clinicien aguerri. Celui qui décortique l’anatomie, explore la biomécanique et déniche des tactiques et des approches cliniques efficaces pour ces confrères massothérapeutes? Ou encore, comme le collaborateur pour le blogue de l’AMS et le superviseur-coach d’orthothérapie à leur campus de Montréal? Ou probablement comme celui qui unit des formations de la Chine, de la Colombie-Britannique et des États-Unis à sa formation d’orthothérapeute pour attiser l’étincelle de l’excellence et inspirer ses collègues à être awesome? … … ... Quand il n’est pas en train de masser ou de promouvoir la reconnaissance de la massothérapie par l’éducation, P-O a le nez plongé dans un bouquin, su à exercer sa routine de rame, de callisthénie et de Tai Chi, ou relaxe paisiblement un café à la main. Alors qui est P-O? Un rêveur? Un perfectionniste? Un guerrier pacifiste zen? Pour le découvrir, mets ton casque et viens le rejoindre au front!
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