Accès membres et assureurs
Vous êtes sur le point d'ajouter une ou des nouvelles techniques à votre dossier
Trouver un thérapeute
Le Réseau de massothérapeutes professionnels du Québec regroupe plus de 8 500 massothérapeutes
17 mai 2016 | écrit par Le Réseau |
Se spécialiser comme thérapeute pour se distinguer de la concurrence, oui ou non? Oui, clament les intervenants de tout acabit du secteur de la massothérapie.
De manière générale, le massage de détente est un massage global du corps visant à favoriser la détente musculaire et nerveuse notamment, tandis que le massage thérapeutique est un massage effectué sur une zone précise où l’objectif est de cibler un inconfort spécifique et de le soulager. Sachant qu’une partie importante de la population est touchée par des troubles musculosquelettiques, l’importance de la spécialisation pour servir ce type de clientèle est une raison suffisante pour le massothérapeute d’acquérir les connaissances et compétences nécessaires pour répondre à ses besoins. Pourquoi? Parce que cette clientèle sera portée à consulter plus fréquemment que celle recherchant uniquement à se détendre.
Mais, il y a bien plus. Directrice générale au sein de l’École de formation MKO Saguenay, Caroline Morin convient qu’une formation continue de qualité présente de nombreux avantages. Non seulement un élément de différenciation et l’ouverture de nouveaux marchés, mais les compétences acquises permettent de briser la routine clinique. « La formation continue permet de mettre sa couleur dans l’offre de ses soins et sert à répondre à une clientèle cible que l’on veut développer », fait remarquer celle qui est également massothérapeute, kinésithérapeute et orthothérapeute en plus d’être bachelière en enseignement de l’activité physique.
Selon elle, la formation continue devrait même être obligatoire pour tous les massothérapeutes afin qu’ils soient à jour sur les nouvelles avancées. « Des manœuvres qu’on croyait efficaces pour une pathologie peuvent ne plus l’être. Ajouter de nouvelles techniques permet aussi de prévenir des blessures reliées au stress mécanique. Les nouvelles manœuvres développées ménagent de plus en plus les mains », indique-t-elle. Assister à des cours de formations et des ateliers permet aussi au massothérapeute qui travaille chez lui de briser l’isolement en rencontrant d’autres thérapeutes avec qui échanger tout en bâtissant un réseau professionnel. « J’insisterais sur le mot “partager”. Partager avec d’autres thérapeutes des expériences cliniques pendant sa formation s’avère aussi enrichissant que la formation en tant que telle », estime Mme Morin.
Une spécialité peut servir d’élément distinctif dans un marché concurrentiel. Le comité sectoriel Soins personnels Québec estime à 15 800 le nombre de massothérapeutes sur le marché. Avec autant de thérapeutes, le client a l’embarras du choix pour sélectionner celui qui répondra à ses attentes, que ce soit la proximité de son emplacement, ses tarifs ou sa capacité à répondre à ses propres besoins. Par la suite, c’est la relation de confiance qui peut être développée qui lui permettra de rester ou d’aller vers un autre thérapeute. Se spécialiser devient donc un élément de différenciation important. La clé pour attirer une nouvelle clientèle et la retenir.
Propriétaire fondatrice de la Clinique A-D Sport, située à Drummondville, Amélie Dionne s’est naturellement spécialisée en massothérapie sportive. « Ma clientèle s’est développée plus rapidement que si je ne m’étais pas spécialisée et elle reste fidèle parce qu’elle reconnaît ma spécificité », croit-elle. Adepte de sports, elle a subi plusieurs blessures et problèmes de santé à la fin de son secondaire la menant à suivre de nombreux traitements de tous genres. Traitements qui l’ont menée à s’intéresser à l’univers des soins thérapeutiques jusqu’à suivre sa première formation en massothérapie en 2008.
Après avoir suivi une technique collégiale en Gestion de commerce, elle a acquis les « bases solides » pour mieux asseoir les valeurs et la mission qu’elle voulait donner à sa clinique fondée en 2011. Elle a suivi plusieurs formations spécifiques d’Atlas Medic, qui lui ont permis d’aller chercher des connaissances pointues en lien avec le sport de haut niveau. « Mon contrat de thérapeute et première répondante d’une équipe sportive collégiale a donné une belle vitrine à mon entreprise, ce qui m’a permis d’élargir ma clientèle d’athlètes de haut niveau à monsieur madame Tout-le-Monde qui pratique un sport, soit la course ou une ligue de garage », fait-elle savoir.
Selon elle, s’afficher comme massothérapeute sportive plutôt qu’orthothérapeute n’a eu que du positif. « À Drummondville, c’est plutôt unique. J’ai tissé des relations d’affaires avec des physiothérapeutes. Grâce à mes formations spécifiques, j’utilise le même vocabulaire qu’eux, ce qui fait qu’on se comprend », explique celle qui a été finaliste au Concours Élan 2016 de la Jeune Chambre de commerce de Drummond. Un concours qui s’adresse à la relève entrepreneuriale de la MRC de Drummond désireuse de concrétiser un projet d’expansion, d’investissement, d’exportation ou de recherche et développement.
« Il faut rester curieux et s’informer. La formation continue est importante. En avril et mai, je suivrai des formations spécifiques au genou et à l’épaule entre autres », fait savoir Amélie Dionne.
Amélie Dionne est donc un bon exemple. En fonction de ses goûts personnels, le massothérapeute a accès à des formations qui s’adressent à des clientèles spécifiques, comme les personnes âgées, les personnes atteintes de cancer ou de maladies dégénératives. « Il faut y aller avec ses intérêts personnels et développer notre clientèle en ce sens, ce qui permet de rester allumé et de nourrir notre clientèle. Se spécialiser peut aussi vouloir dire aller chercher des compétences en relation d’aide au niveau plus psychologique ou une formation comme accompagnante à la naissance si on s’adresse aux femmes enceintes », précise Mme Morin.
Conseillère d’orientation, Josée Landry abonde dans le même sens. Elle estime qu’une spécialité permet au thérapeute non seulement de développer une clientèle de niche, mais de diversifier ses services. « Se spécialiser permet de se rapprocher de ses intérêts parce que ceux-ci changent tout au long d’une carrière. Ça permet de se remotiver. Il m’est arrivé de recevoir des massothérapeutes qui aimaient toujours le métier, mais qui se questionnaient par manque de motivation », indique-t-elle. Ces gens ont fait le constat de se renouveler par la spécialisation. « Parfois, c’est le contexte du travail qui nous fait remettre en question. Se lancer en affaires peut être la solution à ce moment-là », ajoute-t-elle.
Passer de thérapeute pratiquant la massothérapie générale à celui détenant une spécialité de la massothérapie permet à ce dernier de révéler un caractère unique ou rare et de faire en sorte qu’il est recherché par une clientèle précise. Ajouter une corde à son arc permet de devenir une référence dans un secteur précis, en offrant de la formation ou en devenant une personne ressource. Ou, encore, de diversifier sa clientèle sans nécessairement approfondir autant son champ d’expertise que celui qui veut devenir une référence. « Aucun des deux points de vue n’est mieux que l’autre. Il faut que la spécialité corresponde à ce que l’on aime », soutient-elle.
Elle émet toutefois un bémol. Pour rentabiliser la formation qu’on va suivre, que ça devienne un investissement payant, il faut au préalable s’assurer que cela répondra aux besoins spécifiques de notre domaine. Il faut que l’offre réponde à une demande et une étude de marché est la meilleure façon de s’assurer que le besoin existe. Il peut s’agir de soins adressés aux sportifs, aux femmes enceintes ou aux personnes atteintes de troubles neurologiques par exemple. « Nous ne sommes pas obligés de conserver la même spécialité toute sa carrière non plus. Il faut rester attentif à soi », croit Mme Landry.
Pour Mme Morin, l’étude de marché doit être réalisée dans une situation idéale, mais la réalité est tout autre. Selon elle, l’important est d’écouter ce que sa clientèle demande. « Suivre une formation de massage aux bambous ou aux ventouses ne permet pas de cibler une clientèle spécifique, mais permet d’aller plus loin avec la clientèle actuelle », signale-t-elle. L’important étant de choisir une formation qui s’adresse à une clientèle qui nous intéresse. D’autant plus que les nouvelles techniques apprises permettront au thérapeute de se prémunir des pièges reliés à l’utilisation continuelle des mêmes techniques et à mettre en application des manœuvres selon les besoins de chaque client.
Josianne Haspeck
Journaliste indépendante et massothérapeute membre du Réseau
Recevez nos articles de blogue par courriel