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17 juillet 2023 | écrit par Manon Dussault |
En tant que massothérapeute, il nous arrive régulièrement de nous faire dire que nous avons des mains magiques.
J’ai eu envie, pour cet article, d’explorer au-delà de tout ce qu’on peut lire sur les bienfaits du massage et du toucher. Je voulais démystifier ce qui rend les mains des massothérapeutes si différentes de celles des autres ?
Le toucher est un sens essentiel pour les massothérapeutes. Il nous permet de percevoir les besoins et les réactions de nos clients, ainsi que de leur transmettre des sensations de détente et de bien-être. Le toucher est aussi une forme de communication non verbale qui crée un lien de confiance entre le thérapeute et le receveur. Il est donc important de développer notre toucher en massothérapie, afin d’offrir des soins de qualité et adaptés à chaque personne.
Je me souviens encore de mes premières semaines de cours en massothérapie. On nous avait demandé d’identifier, à l’aide d’un marqueur lavable, chacune des vertèbres thoraciques sur notre partenaire de cours. Après quelques minutes à tâtonner, je me suis dit « mais qu’est-ce que je fais ici, c’est n’importe quoi, je ne sens rien… ou peut-être la T3! Mais, comment puis-je être certaine que c’est bien la T3, puisque je n’ai pas senti la T1 ni la T2 ? »
J’aurais voulu me cacher sous le tapis ou partir en courant tellement je ne me sentais pas à ma place.
Heureusement pour mes collègues, mes clients et surtout pour moi, j’ai surmonté ce petit problème au fil du temps et développé mon toucher!
Mais comment faire pour améliorer notre toucher ? Voici quelques conseils qui peuvent nous aider à affiner notre sensibilité tactile et du même coup, à enrichir notre pratique.
Un massothérapeute, c’est un artiste du corps humain, un virtuose du toucher !
Et oui, tout comme le pianiste, le guitariste, le sculpteur, nous devons développer notre sens du toucher. Nous devrions être en mesure d’utiliser nos mains même les yeux fermés afin de réaliser notre meilleur œuvre qu’importe l’instrument, la matière ou le corps qui se trouve sous nos doigts.
Dans notre société actuelle, qui est bien plus préoccupé par la recherche de la performance que par la prise de conscience de ce qui nous entoure, avons-nous réellement l’occasion de développer notre toucher ? Comment apprenons-nous à toucher ?
Le toucher se développe avec la pratique, la pratique et… la pratique. Plus nous palpons de muscles, de tendons, d’os, d’articulations, plus les liens entre ce que nous ressentons sous nos doigts et notre cerveau se renforcent. Nous bâtissons notre mémoire tactile. Plus nous touchons de corps différents, plus notre cerveau est capable d’analyser ce qu’il y a sous nos doigts.
Nous devons aussi être attentifs. Lorsque nous massons, nous devons être à l’écoute de notre client, mais aussi de nous-même. Observer les réactions du receveur; ses expressions faciales, ses mouvements, sa respiration. Sentir les tensions, les blocages, les zones sensibles ou douloureuses. Il faut adapter notre pression, notre rythme et notre profondeur en fonction de ce que nous ressentons. Nous devons également être conscients de notre posture, de notre respiration, de nos émotions. Le toucher est un échange qui implique tout notre être.
Il ne faut surtout pas négliger l’importance de l’étude de l’anatomie. Parce qu’entre vous et moi, on peut bien tâtonner autant qu’on veut, si on ne sait pas où se trouvent le gastrocnémien et l’élévateur de la scapula, on est plutôt mal parti ! Nous devons apprendre l’emplacement des muscles, leurs fonctions et leurs interactions avec les autres muscles et articulations.
Une fois l’anatomie apprise, il faut respirer! Vous avez bien lu, il faut commencer par respirer, se calmer. Si nous sommes tendus ou stressés, cela risque de réduire notre capacité à ressentir.
Alors pourquoi ne pas méditer. La méditation est une pratique qui favorise la concentration, la relaxation et la pleine conscience. Elle peut nous aider à développer notre toucher en massothérapie en nous permettant d’être plus présent à nous-même et à notre client. En méditant régulièrement, nous apprenons à calmer notre mental, à écouter notre intuition et à ressentir les subtiles variations du toucher. La méditation peut aussi renforcer notre confiance en nous et notre empathie envers les autres.
La meilleure façon de développer notre toucher est de pratiquer le plus souvent possible, sur des personnes différentes, avec des techniques variées. Plus nous massons, plus nous affinons notre perception et notre gestuelle. Mais il peut aussi être intéressant de nous faire masser par d’autres professionnels pour apprendre de leur expérience et de leur savoir-faire.
Pour développer notre toucher, nous pouvons varier les sensations que nous recevons ou que nous donnons. Par exemple, nous pouvons utiliser des accessoires comme des pierres, des bambous, des ballotins, etc. Nous pouvons aussi varier la température, la texture, la forme; comme la chaleur, des crèmes et des gels, ou tout accessoire dédié à la massothérapie. Nous pouvons également explorer différents types de toucher, comme l’effleurage, le pétrissage, les frictions, les vibrations, etc. En diversifiant les stimuli, nous enrichissons notre palette sensorielle et nous développons notre créativité.
Il faut pratiquer bien sûr. Parce qu’ici encore, le ressenti sur Arnold Schwarzenegger est un peu différent de celui sur Mr. Bean. Donc, gros, grand, mince, maigre, petit, jeune, vieux, sportif à différents degrés, autant de physionomies différentes qui viendront elles aussi participer au développement de notre toucher. L’autre facteur non négligeable qu’il faudra apprivoiser est la différence entre les différents types de peau. Il y a les peaux fermes, les plus fines, les plissés, les tendues, les peaux épaisses, les peaux lâches, etc. Chaque type de peau aura un impact sur notre ressenti.
Pour progresser dans le développement de notre toucher, il est utile de se former à de nouvelles techniques ou à des approches complémentaires. Nous pouvons suivre des formations continues en massothérapie ou en disciplines connexes comme la réflexologie, le shiatsu, etc. Il y a tellement de choix de formations et de techniques disponibles. Nous pouvons aussi lire des livres, regarder des vidéos, participer à des ateliers ou à des échanges entre massothérapeutes. En nous formant, nous acquérons des connaissances théoriques et pratiques qui enrichissent notre toucher et notre vision du massage.
Que ce soit pour un massage de détente ou thérapeutique, il est important que nos doigts et nos mains puissent faire la différence entre des nœuds, des tensions musculaires ou fasciales, des contractions, de l’œdème, de l’inflammation, etc. Nous n’aborderons pas notre soin de la même façon si l’inconfort de notre client provient d’une tension ou d’une contraction.
Au fil des ans et des clients, nous pouvons donc développer notre toucher et notre ressenti. En effet, notre toucher évolue tout au long de notre parcours. Il s’enrichi de chacune de nos expériences. Cela nous permet également d’améliorer nos analyses et du même coup, nos plans de soins.
Alors, on continu de pratiquer et on améliore notre dextérité et notre ressenti un corps à la fois!
Sources
Hayward, V. Le toucher, un sens discret, mais essentiel. (2021, octobre). Institut de France Académie des sciences en partenariat avec l’Humanité Dimanche. https://www.academie-sciences.fr/pdf/revue/LHUMANITE_octobre2021.pdf
Manon Dussault
Masso-Kinésithérapeute diplômée en massage Suédois depuis 2007 et en Kinésithérapie depuis 2015, Manon a poursuivi ses études dans diverses techniques de massage et de thérapie manuelle afin de pouvoir mieux répondre aux besoins de sa clientèle. En 2016, avec une collègue, elle co-écrit et publie deux « Guides pratiques de masso-kinésithérapie ». Ces ouvrages axés sur les techniques d'évaluations et de soins de Kinésithérapie lui permettent de partager ses connaissances avec la communauté des thérapeutes manuels à travers la francophonie. C’est finalement en 2018, après plus de 16 ans à l’emploi de la fonction publique du Québec, où elle a pu acquérir et développer des talents en communication, rédaction de manuel de formation et de protocole et de formatrice, qu’elle a décidé de se consacrer exclusivement à sa carrière de masso-kinésithérapeute. C’est donc avec tout ce bagage professionnel et l’envie de partager ses connaissances et découvertes qu’elle a joint l’équipe des collaborateurs du Réseau.
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