La massothérapie comme approche pour prévenir et diminuer les inconforts féminins   

La massothérapie est bien connue pour ses bienfaits au niveau du soulagement des douleurs musculo-articulaires. Cependant, ses bienfaits et ses impacts sur les inconforts féminins le sont moins. Au cours de leur vie, les femmes peuvent développer certaines pathologies hormonales. Savez-vous comment la massothérapie peut intervenir pour les soulager ?

Tout d’abord, je me suis intéressée à l’équilibre hormonal chez les femmes, tout en cherchant à comprendre ce qui pourrait perturber cette danse hormonale qui rythme le cycle menstruel. Assez rapidement, j’ai remarqué que les habitudes de vie peuvent accentuer ou provoquer certaines réactions de l’organisme comme une mauvaise alimentation, un manque d’activité physique, un sommeil non optimal ou encore du stress. Bonne nouvelle, en tant que massothérapeutes, nous sommes les thérapeutes antistress par excellence.

Qu’est-ce que le stress ?

Rapidement, le stress est un ensemble de réactions physiologiques et physiques face à une situation extérieure. Il est important de se rappeler que le corps réagit à une situation qu’il perçoit comme stressante, mais qui ne l’est pas nécessairement en réalité. Effectivement, notre organisme ne fait pas la distinction entre un réel danger (ex. : un lion qui nous pourchasse) ou une tâche importante comme un échéancier serré. Il déclenche alors une série de réactions dans le but d’assurer notre survie.

Pupilles dilatées, sens en état d’alerte et accélération du rythme cardiaque sont quelques exemples de réactions physiologiques qui peuvent être déclenchés lors d’une situation stressante. En fait, tout notre organisme se mobilise pour répondre au stress. Il pourra décider de lutter, de fuir ou encore de figer complètement et être dans l’impossibilité de prendre une décision.

Du côté endocrinien, une véritable tempête hormonale est provoquée. Le cortisol, la noradrénaline, l’adrénocorticotrophine (ACTH), la vasopressine sont déclenchés en réponse aux stimuli du stress.

Comment le stress peut-il perturber l’équilibre hormonal ?

Le stress engendre une grande sécrétion de cortisol qui est l’une des hormones du stress. Ce dernier peut freiner ou perturber la sécrétion des autres hormones, dont les œstrogènes et la progestérone. Comme elles sont directement reliées au cycle féminin, je vais m’y attarder exclusivement. L’équilibre hormonal est maintenu par l’hypothalamus. Situé dans le cerveau, il agit comme un chef d’orchestre dont le rôle principal est le maintien de l’homéostasie soit un état stable et constant malgré les changements externes. C’est ce qui m’amène à vous parler de l’axe HPG.

L’axe HPG ou hypothalamo-pituito-gonadique

L’hypothalamus régule, entre autres, nos fonctions vitales (soif, faim, sommeil, stress, dynamisme, etc.), le taux d’hormones en circulation dans le sang et la température corporelle. Il collecte les données et il les analyse, puis il envoie différents signaux à son aide-collaborateur, l’hypophyse, connue également sous le nom de glande pituitaire.

L’hypophyse est responsable de la sécrétion de plusieurs hormones dans le corps. Plus particulièrement, elle a un impact sur les glandes surrénales, la thyroïde et les gonades[1].

Ici, nous nous intéresserons principalement au fait que l’hypophyse sécrète la FSH (folliculo-stimuline) et la LH (lutéinostimuline), deux hormones qui ont un rôle majeur dans la régulation du cycle menstruel. Donc, que se passe-t-il du côté hormonal ?

Œstrogènes et progestérone

Chaque mois, les ovaires répondent à la FSH et à la LH afin de produire les œstrogènes et la progestérone qui permettent la libération d’un ovule mature.

La progestérone[2] aide le corps à bien utiliser les hormones thyroïdiennes et agit comme protecteur au développement du cancer du sein, réduit les kystes, les fibromes mammaires ainsi qu’utérins et bloque l’ostéoporose. De ce fait, une baisse de progestérone peut entraîner une baisse de libido, des infections urinaires ainsi qu’une sécheresse vaginale.

Les œstrogènes, quant à elles, en plus d’être responsables de la maturation d’un ovocyte et de libérer un follicule mature, possèdent plusieurs rôles. Elles permettent, entre autres, de fixer le calcium sur les os, favoriser la libido, d’aider à la préservation de l’hydratation de la peau et des muqueuses. Notamment, elles ont un impact sur l’humeur. Une baisse d’œstrogènes entraîne des bouffées de chaleur, des troubles de l’humeur, l’infertilité, l’aménorrhée (absence de règles), des douleurs articulaires et un risque accru d’ostéoporose. Durant la périménopause, il est fort commun d’observer plusieurs de ces symptômes. À l’inverse, un excès d’œstrogènes pourrait entraîner une prise de poids, de la fatigue, des maux de tête, des fibromes utérins et l’endométriose.

Nous sommes donc en présence d’un cercle vicieux. Puisque le stress peut potentiellement brouiller les signaux de l’hypothalamus, la sécrétion des hormones LH et FSH peut diminuer. Ce facteur peut donc entraîner une baisse du taux de progestérone qui pourra entraîner à son tour des difficultés dans la gestion du stress.

L’impact des débalancements hormonaux sur les autres hormones

Il y a plus d’une centaine d’hormones dans le corps humain, il est donc impossible de couvrir tout le sujet en un seul article. J’ai donc choisi de vous présenter globalement les effets de la baisse des hormones féminines sur le reste du corps.

Lors de périménopause, plusieurs femmes peuvent développer une hypothyroïdie[3] fonctionnelle. En effet, puisque le corps sécrète moins de progestérone que d’œstrogènes, cela peut entraîner une fatigue physique et mentale, une perte de cheveux, une prise de poids ainsi que des troubles de concentration et de mémoire.

Également, la baisse des hormones féminines peut engendrer une baisse de la mélatonine. Ce neurotransmetteur régule les rythmes biologiques circadiens et est responsable autant du sommeil profond que réparateur. De plus, comme les œstrogènes ont un rôle dans la thermorégulation et la progestérone à la détente, leur diminution dans le corps impactera forcément davantage le sommeil.

Enfin, nous pouvons constater que tous ces débalancements hormonaux peuvent accentuer le stress. En effet, les troubles de concentration, le manque de sommeil et la fatigue sont autant des stimulateurs de stress que des réactions négatives au stress.

Quel est le rôle de la massothérapie dans tout ça ?

Comme nous l’avons vu plus haut, certains dérèglements hormonaux associés aux troubles féminins peuvent être accentués par la production de cortisol. Cependant, saviez-vous la massothérapie peut aider à diminuer le taux de cortisol dans l’organisme ? Tous les types de massages peuvent donner un coup de pouce, mais le massage suédois, californien, et le drainage lymphatique peuvent être des options très intéressantes.

Également, il arrive parfois que certaines hormones, normalement entièrement filtrées par le foie, se retrouvent en excédent. C’est donc le système digestif qui prendra le relais pour éliminer ce trop-plein. Bonjour la constipation ! En tant que massothérapeutes, nous pouvons aider à soulager ce trouble digestif. Le massage abdominal ou la réflexologie pourraient être d’excellentes options. Ces techniques aideront à réduire l’inconfort de vos clientes, en plus d’avoir un impact sur leur système hormonal.

Le massage de détente grâce à sa capacité à diminuer les effets du stress sur le corps permettrait, dans certains cas, de soulager les crampes utérines et de diminuer les inconforts de la périménopause.

L’aromathérapie au service des femmes

Personnellement, en tant que massothérapeute et naturopathe spécialisée en santé féminine, j’adore utiliser des huiles essentielles durant mes soins. Mes formations en aromathérapie, plantes médicinales, homéopathie et médecine chinoise m’ont permis de développer de nombreuses connaissances. Dans le cadre de vos soins, voici quelques huiles essentielles que vous pourriez utiliser. Elles pourront aider à réduire certains inconforts féminins :

La marjolaine à coquille, la sauge sclarée ou encore le laurier noble sont trois huiles avec de nombreuses propriétés, dont celles d’être antispasmodiques et relaxantes. Mélangées à votre huile de massage, elles apporteront des bienfaits complémentaires à votre soin.

Pour en savoir plus sur les propriétés et l’utilisation de ces huiles, je vous invite à consulter des guides de références[4].

Il est important de mentionner que les huiles essentielles sont très concentrées, puissantes et non sans danger. Il est donc conseillé de suivre une formation en aromathérapie pour mieux les connaître et les utiliser de façon adéquate en toute sécurité. Également, n’hésitez pas à consulter à un aromathérapeute ou naturopathe formé sur le sujet pour vous accompagner.

De plus, il est nécessaire d’obtenir l’accord du client avant l’utilisation des huiles essentielles, car certains clients ne les supportent pas ou en sont allergiques.

La santé féminine au cœur de la santé globale

La santé hormonale est souvent considérée comme une portion isolée. Au contraire, elle est influencée et influence toutes les autres sphères de notre santé. Comme massothérapeutes, nous pouvons accompagner, soutenir et soulager nos clientes qui sont aux prises avec divers maux. Également, il ne faut pas négliger l’impact que nous pouvons avoir sur la réduction des effets du stress sur le corps ou des inconforts. Écoutons et accompagnons avec nos mains et notre cœur.

[1] Gonade (s.d.). Dans Le Robert dico en ligne. https://dictionnaire.lerobert.com/definition/gonade

[2] Santé Sans Tabou. (s.d.). Manque de progestérone naturelle, pourquoi et comment y remédier ? https://www.aihus.fr/medecine-generale/manque-de-progesterone-naturelle/

[3] Jerome M. Hershman, MD, MS, David Geffen School of Medicine at UCLA. (Septembre 2020). Hypothyroïdie. https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/troubles-endocriniens-et-m%C3%A9taboliques/troubles-thyro%C3%AFdiens/hypothyro%C3%AFdie#:~:text=L’hypothyro%C3%AFdie%20est%20un%20d%C3%A9ficit,comprend%20l’administration%20de%20thyroxine.

[4] Passeport santé. (s.d.). Les huiles essentielles de A à Z. https://www.passeportsante.net/portail/huiles-essentielles / Festy, D. (2012). Ménopause & huiles essentielles.  Éditions Caractère / Turbide, M. (2013). L’aromathérapie huiles essentielles du Québec et du monde applications thérapeutiques. Éditions Santé-Arôme.

Sckoropad, Audrey. (2021, 15 avril). Quel est l’impact du stress sur les hormones. A.Vogel. https://www.avogel.ca/blog/fr/quel-est-l-impact-du-stress-sur-les-hormones/

Sellier, Nathalie. (s.d.) Le stress. Fédération pour la recherche sur le cerveau. https://www.frcneurodon.org/comprendre-le-cerveau/a-la-decouverte-du-cerveau/le-stress/

Familiprix. (2014, 21 octobre, mis à jour 2019, 26 septembre). Diminuer le stress pour réduire les douleurs menstruelles. https://www.familiprix.com/fr/articles/diminuer-le-stress-pour-reduire-les-douleurs-menstruelles

Futura science. (2022, 6 mars). Quelles sont les hormones liées au stress ? https://www.futura-sciences.com/sante/questions-reponses/divers-sont-hormones-liees-stress-3069/

Roy, Sophie. (2021). Manuel de formation « Entre Femme : naturopathie féminine » (volume 1 à 4). Montréal. Les Éditions Cybèle.

Université de Genève. (5 avril 2018). Diabète : le rôle protecteur des œstrogènes enfin compris (Communiqué de presse). https://www.unige.ch/communication/communiques/2018/diabete-le-role-protecteur-des-strogenes-enfin-compris

Centre d’étude sur le stress humain (CESH). (s.d.) Régulation de la production d’hormones sexuelles et cycle menstruel. https://www.stresshumain.ca/le-stress/difference-de-sexe-de-genre-et-impact-sur-le-stress/regulation-de-la-production-dhormones-sexuelles-et-cycle-menstruel/#page3

Hébert, M. (2003). La médecine des femmes. Éditions du Roseau.

Pérès, M-P et Leblanc, S-R. (2014). Sagesse et pouvoir du cycle féminin. Éditions le Souffle d’or.

You and your hormones. (2022, Juillet). Hypothalamus. https://www.yourhormones.info/glands/hypothalamus