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Massothérapie et vécus traumatiques en lien avec les abus sexuels

11 janvier 2024  |   écrit par David Simard  |

Selon les dernières statistiques canadiennes, une femme sur trois aura subi un abus sexuel au cours de sa vie1. Il est à noter que cette forme de violence est beaucoup plus fréquente chez ces dernières que pour les hommes ; elles sont concernées 9 fois sur 102. La même statistique s’applique aussi du côté des agresseurs, qui sont 9 fois sur 10 des hommes, selon la même source.

L’abus sexuel, comme les menaces de mort ou un accident grave, fait partie des éléments pouvant causer un choc post-traumatique, qui selon l’Institut National de la santé mentale, « se développe chez certaines personnes qui ont vu ou vécu un événement choquant, effrayant ou dangereux (…) pouvant être liés aux combats ou impliquer de la violence, des abus sexuels ou des traumatismes »L’abus sexuel, comme les menaces de mort ou un accident grave, fait partie des éléments pouvant causer un choc post-traumatique, qui selon l’Institut National de la santé mentale, « se développe chez certaines personnes qui ont vu ou vécu un événement choquant, effrayant ou dangereux (…) pouvant être liés aux combats ou impliquer de la violence, des abus sexuels ou des traumatismes »3.

Une femme assise sur un lit a vécu un traumatisme d'abus

Les symptômes

Selon cette même source, les symptômes seraient les suivants :

  • L’hyperexcitation, qui se définit comme un état de tension psychologique et physique accru dans lequel la personne peut se sentir anxieuse, déprimée, très fatiguée ou souffrir d’insomnie ;
  • L’hypervigilance, qui est un état d’alerte constant aux stimuli externes, qui fait que la personne repose rarement son attention ;
  • La culpabilité et la honte, que certaines personnes vivent à la suite des événements et qui les empêchent de guérir ;
  • La dissociation, qui crée une distance entre la personne et ce qu’elle a vécu, mais aussi entre la personne et son propre corps ;
  • Des pensées intrusives, qui surgissent à tout moment et remettent la personne dans un état élevé d’alerte.

Aussi, on note que le seuil de tolérance à la douleur peut diminuer et que les réactions de surprise deviennent exagérées ; le système restant sans cesse aux aguets. Ces symptômes ont comme conséquence qu’il est parfois difficile de mener une vie normale, de travailler et même d’entretenir des relations saines et satisfaisantes.

 

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Des mains tenant un coeur illuminé, représente le processus de guérison

Tout un processus de guérison

Le processus de guérison est évidemment unique à chacune et peut comprendre plusieurs éléments :

  • La reconnaissance de l’abus, qui est une première étape importante, souvent négligée à cause des sentiments de culpabilité et de honte associés à l’acte ;
  • Un suivi auprès d’un professionnel compétent, afin de regarder les émotions, les mécanismes d’adaptation, les chemins intérieurs de la guérison, etc. ;
  • Une médication appropriée, au besoin ;
  • Un soutien social suffisant, à savoir une ouverture de l’expérience auprès de la famille et d’amis proches en qui la personne a particulièrement confiance ;
  • L’éducation, afin d’informer la personne sur les conséquences des abus et comprendre plus concrètement ce qu’elle peut traverser ;
  • L’expression est aussi importante, par le biais de l’art, du dessin, des chansons, de la peinture, de la danse, de la méditation, dans le but d’exprimer des émotions qui pourraient rester enfouies ;
  • Le processus de pardon, qui arrive plus tard et permet de pardonner à l’agresseur ou se pardonner à soi-même d’avoir vécu l’abus si la culpabilité est très présente ;
  • Finalement, de prendre soin de soi, par un bon sommeil, une alimentation équilibrée et une saine gestion du stress.

Un massothérapeute donne un soin de massage. Le rôle de la massothérapie est un élément positif dans le processus de guérison

Le rôle de la massothérapie

Faisant partie de ce dernier élément, la massothérapie serait un élément positif dans le processus de guérison, car elle pourrait aider la personne à calmer son système nerveux, mais aussi plus profondément en participant à se réapproprier les sensations de ce corps qui a été mal touché, par un toucher professionnel et respectueux.

C’est ce que conclut une étude publiée en 2005 par Cynthia Price4, massothérapeute et professeure de recherche à l’Université de Washington. Dans le cadre de cette étude, vingt-quatre femmes suivies en psychothérapie pour des abus sexuels pendant l’enfance ont reçu des séances de massothérapie. À la fin de l’étude, les participantes affirmaient avoir atteint un plus grand bien-être psychologique et physique et avaient l’impression d’être davantage connectées avec leur corps.

Une étude de 2012 portant sur la façon dont les thérapies intégratives peuvent aider à promouvoir la réintégration des anciens combattants a révélé que les participants qui ont reçu des massages ont signalé une réduction significative de la douleur physique, de la tension, de l’irritabilité, de l’anxiété et de la dépression5.

Patrice*6, client en massothérapie depuis quelques années, raconte : « Le massage a été ma façon de réussir à me faire toucher de nouveau, ayant subi des abus par mon gardien quand j’étais enfant. La sexualité pour moi était compliquée, négative, comme une zone de guerre, complètement associée à de l’anxiété. Ravoir des mains bienveillantes sur moi a été le début de ma guérison, avec ma sexothérapie. »

Une femme se tient la tête, se demande quoi faire comme massothérapeute

Quoi faire comme massothérapeute

Selon Pamela Fitch, autrice du livre Talking Body, Listening Hands: A Guide to Professionalism, Communication and the Therapeutic Relationship7, les éléments-clés du massage pour accompagner une personne ayant vécu des abus est le déroulement de la séance en elle-même, en commençant par l’accueil, la chaleur humaine, le formulaire de consentement, l’établissement claire du cadre, la communication tout au long de la séance, autant au niveau des inquiétudes qui pourraient se manifester durant le massage, que de la musique, de l’éclairage ambiant et de la pression.

Validez quelles régions du corps peuvent être ou non touchées, rassurez la cliente sur le fait qu’elle peut aussi choisir quels vêtements enlever ou garder. Insistez, par exemple, sur la possibilité d’arrêter le massage, si la personne ne se sent pas bien. Le tout afin d’instaurer un climat de confiance essentiel entre les deux personnes, de même qu’un grand sentiment de sécurité.

Attention !

Prudence, cependant : toujours selon Pamela Fitch, puisque certaines personnes aux traumas plus sévères pourraient être activées par le toucher ou voir monter en elles des émotions négatives, il serait important d’être accompagné par un professionnel afin de s’assurer d’être prêt à entreprendre un processus à travers le massage.

Elle insiste aussi sur l’importance pour le massothérapeute de rester dans son champ de compétences, c’est-à-dire l’écoute active et le toucher thérapeutique, et de ne pas s’improviser psychologue, au risque de faire plus de mal que de bien. De fait, il ne faut pas hésiter à référer au besoin à un professionnel compétent, si vous sentez que la personne a besoin d’un accompagnement supplémentaire.

En tant que professionnel du toucher, vous pouvez faire partie du processus de guérison d’un autre être humain et faire une différence, à votre façon. Profitez-en, c’est une belle façon de rendre votre travail encore plus valorisant !

Sources

1. Gouvernement du Québec. (2023, 24 novembre). Crimes sexuels. Vitrine statistique sur l’égalité entre les femmes et les hommes. https://statistique.quebec.ca/vitrine/egalite/dimensions-egalite/violence/agressions-sexuelles
2. Institut national de santé publique du Québec. (2022, 12 mai). Statistiques sur les agressions sexuelles. https://www.inspq.qc.ca/agression-sexuelle/statistiques
3. Inserm-Salle de presse. (2020, 13 février). Stress post-traumatique : Nouvelles pistes pour comprendre la résilience au trauma. https://presse.inserm.fr/stress-post-traumatique-nouvelles-pistes-pour-comprendre-la-resilience-au-trauma/38240/#:~:text=Le%20trouble%20de%20stress%20post%2Dtraumatique%20(TSPT)%20peut%20se,%C3%A9v%C3%A9nements%20choquants%2C%20dangereux%20ou%20effrayants
4. Price C. Body-oriented therapy in recovery from child sexual abuse: an efficacy study. Altern Ther Health Med. 2005 Sep-Oct;11(5):46-57. PMID: 16189948; PMCID: PMC1933482.
5. William Collinge, MPH, PhD, Janet Kahn, PhD, LMT, and Robert Soltysik, MS. Promoting reintegration of National Guard veterans and their partners using a self-directed program of integrative therapies: a pilot study, Mil Med. 2012 Dec; 177(12): 1477–1485.
6. * Nom factif pour préserver l’identité.
7. Fitch, Pamela. 2014. Talking Body, Listening Hands: A Guide to Professionalism, Communication and the Therapeutic Relationship. Édition Pearson, 288 pages

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David Simard

Bleuet du Lac Saint-Jean enraciné à Montréal depuis vingt ans, David est un massothérapeute passionné par l'humain et sa complexe machine, qu'il tente de comprendre toujours davantage à travers des formations continues et diversifiées. Venu du milieu des communications, il aime partager par écrit sa vision de la massothérapie et, par sa participation à ce blogue, il espère aider ses collègues avec ses recherches et son expérience. Bonnes lectures!

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