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11 octobre 2017 | écrit par Xavier Jutras |
Je ne vous apprends rien aujourd’hui si je vous dis que nous avons besoin d’oxygène pour survivre. Fort heureusement, le corps humain a pensé à une solution très pratique pour assurer son apport en oxygène : la respiration.
Il existe plusieurs techniques de respiration, mais si vous le voulez bien, contentons-nous de distinguer deux types de respiration, soit abdominale et thoracique. Voici donc une série de questions-réponses visant à démystifier le principe de la respiration. Ces réponses pourront vous être utiles dans l’immédiat pour mieux comprendre vos propres habitudes. De plus, si vous êtes massothérapeutes, elles vous serviront d’outils pour guider votre clientèle.
Avant toute chose, je vous invite à regarder cette mini-vidéo qui montre en temps réel une imagerie par résonance magnétique d’une personne en train de respirer. En plus d’être belle à voir, elle facilitera la compréhension pour ce qui suit.
La respiration abdominale se caractérise principalement par une contraction du diaphragme, accompagnée d’une élévation des côtes via les muscles intercostaux externes dans une moindre mesure. C’est ce qui explique l’origine de son autre appellation : la respiration diaphragmatique. En s’abaissant de la sorte, le diaphragme donne la possibilité aux poumons d’occuper plus d’espace et d’aspirer l’air provenant de l’extérieur. Ce muscle est en forme de parachute et il pousse contre les viscères lorsqu’il se contracte. Le ventre ne gonfle donc pas parce que de l’air s’y trouve, mais bien parce que les organes internes doivent trouver une façon de cohabiter avec le diaphragme qui pousse contre eux vers le bas. Ils vont chercher leur espace là où la résistance est moindre, soit vers l’avant. À l’expiration, le diaphragme relâche tout simplement, passivement, ce qui ramène les poumons à leur volume initial et il en va de soi pour les muscles intercostaux externes.
La respiration thoracique correspond à un mouvement où la poitrine (cage thoracique) se gonfle et où les épaules se surélèvent à l’inspiration. C’est généralement une respiration moins profonde que la respiration abdominale, car l’espace dégagé pour les poumons est plus petit, menant généralement à une respiration également plus rapide pour compenser le manque à gagner.
À l’expiration, contrairement à la respiration diaphragmatique, des muscles doivent s’activer pour revenir à la position initiale. Faites le test : contrairement à la respiration abdominale, si vous relâchez en espérant que l’air s’échappe, vous allez tout simplement bloquer votre respiration.
La respiration non forcée (aussi appelée inconsciente, automatique ou silencieuse) correspond au mécanisme qui assure une entrée d’air constante sans difficulté et sans y penser. Vous l’aurez deviné, elle est majoritairement diaphragmatique. Par contre, si la personne veut inspirer de l’air plus rapidement ou s’il y a la moindre entrave à la respiration (ex : sinus bouchés, allergies, bronchites, aspirer pour fumer, etc.), cela va forcer la personne à respirer plus fort et/ou consciemment, impliquant les muscles accessoires de la respiration thoracique.
**Les scalènes seraient considérés actifs en tout temps.
***Les SCM seraient inactifs à la respiration silencieuse, mais actifs dès que la demande serait plus grande.
Précision : il existe des dizaines d’autres muscles impliqués dans la respiration, mais concentrons-nous sur les principaux.
Dans l’immédiat, si vous conscientisez votre respiration, vous pourrez dans une certaine mesure (comme le dirait une publicité : certaines conditions s’appliquent) choisir la technique que vous désirez utiliser. Par contre, si on parle de la respiration dite naturelle ou inconsciente, on ne choisit tout simplement pas, hélas!
Par exemple, vous pourrez observer chez tous les bébés une respiration naturellement diaphragmatique même s’ils n’ont pas lu cet article, alors que dans la population adulte nord-américaine, vous constaterez une tendance à la respiration thoracique.
Cela dit, on ne fait pas 100% d’un type ou 100% de l’autre. Selon les différents contextes, chaque personne a développé sa signature personnelle, soit différentes stratégies combinant toujours les deux types dans des proportions qui lui sont propres. En d’autres mots, ce que votre diaphragme n’arrivera pas à fournir devra être compensé par la respiration thoracique.
N’oubliez pas qu’en plus de respirer « normalement », il existe toutes sortes de fonctions connexes qui exigent des particularités : tousser, éternuer, inspirer profondément ou rapidement, bâiller, chanter, parler, etc. Toutes ces nuances ne seraient pas aussi fluides et efficaces, voire possibles si nous ne disposions pas de ce système mixte.
Ça dépend des critères. D’un point de vue de la survie, elles sont sensiblement équivalentes puisqu’elles accomplissent la même fonction salvatrice, soit de s’assurer d’un apport en oxygène.
En ce sens, évitons de tomber dans le piège de la diabolisation ou de la dualité bien/mal : les deux respirations sont essentielles et primordiales à la survie. En contrepartie, tout porte à croire que la respiration abdominale comme stratégie principale pourrait vous donner la chance de mieux vivre!
Quoi de mieux que de le tester par soi-même? Voici un test très simple :
Avez-vous remarqué une différence? La respiration rapide risque, et en 30 secondes seulement, de vous rendre inconfortable, voire vous faire vivre des émotions s’apparentant à de la nervosité. À l’inverse, la respiration lente va probablement entraîner une détente et être associée à des émotions plus positives. Imaginez sur 30 heures maintenant, puis sur 30 ans…
Si on suppose le fait qu’une accélération de la respiration peut augmenter le niveau de stress et que le niveau de stress augmente le rythme respiratoire, on se retrouve en plein cercle vicieux où il peut être difficile de renverser la vapeur.
Oui et oui. La posture affecte notre respiration, mais à son tour la respiration influence notre posture. Comme les muscles du tronc et du cou qui sont responsables de la respiration assurent aussi des fonctions de stabilisation et de mouvement notamment, sans qu’on puisse prédire de quelle façon cela va se manifester d’une personne à l’autre, on peut affirmer sans trop se tromper qu’ils vont affecter la posture et la façon de bouger d’un individu. Après tout, ces muscles auront une charge de travail supérieure s’ils ont à effectuer 20 000 répétitions supplémentaires par jour, d’autant plus que cet effort va s’effectuer à contre-courant de la gravité (élévation des côtes)!
Il n’y a pas de réponse définitive à cette question, car trop de facteurs interagissent simultanément. Ce qu’on sait, c’est que les muscles scalènes, petits pectoraux et SCM doivent travailler plus fort chez une personne qui respire beaucoup du haut du corps, les prédisposant à de la fatigue, à des « nœuds » ou à des tensions. Également, on observe souvent une tendance à être plus rigide dans le haut dorsal et dans le cou.
À l’inverse, lorsqu’une personne respire avec son diaphragme majoritairement, elle réduit la charge de travail aux muscles du haut dorsal et du cou, ce qui leur permet d’avoir plus de marge de manœuvre pour se reposer et pour s’acquitter de leurs autres tâches de mouvement ou de stabilisation.
Certaines personnes ont une conscientisation très peu développée de leur corps et n’ont pas beaucoup de ressenti (intéroception et extéroception). Le simple fait d’être touché sur la peau est un excellent moyen de remédier à la situation. On peut penser notamment aux muscles inspirateurs. Plus la capacité à ressentir est grande, meilleures sont vos chances d’avoir un bon contrôle sur ce que vous cherchez à pratiquer. Du même souffle, plusieurs clients vont ressentir une plus grande aisance à respirer profondément pendant et après un massage, favorisant des stratégies de respiration moins exigeantes pour le corps. D’ailleurs, plusieurs clients profitent de cet environnement de choix pour se concentrer davantage sur leur respiration abdominale.
On a aussi vu que le stress et l’anxiété influencent négativement la respiration et inversement. La massothérapie peut vous aider à briser ce fameux cercle vicieux en vous aidant à diminuer votre stress. Du coup, votre respiration sera potentiellement facilitée, ce qui vous prédisposera à prendre de plus lentes et grandes respirations durant et après votre massage.
Pour toute question ou commentaire, n’hésitez pas à nous en faire part, soit à la fin de cet article, soit via notre page Facebook. Merci de votre temps.
Xavier Jutras
Diplômé de l’Université Laval en kinésiologie en 2005, Xavier Jutras a décidé d’ajouter une nouvelle corde à son arc en 2014 en entamant une carrière parallèle en massothérapie. Maintenant en voie de devenir orthothérapeute, il pourra ainsi gérer les bobos de ses clients tout en s’assurant de les guider dans leur processus de réhabilitation. Doté d’une infatigable curiosité, il fait des lectures quotidiennes sur le sujet afin de rattraper « le temps perdu ». Son but : apprendre, bien comprendre et, surtout, faire le tri de l’information de façon à pouvoir mieux informer par la suite. Déjà rédacteur pour le blogue "Je me prends en main", il a offert ses services au Réseau dès qu’il en a eu la chance parce qu’il adore pouvoir transmettre sa passion en enseignant ou en écrivant. Fan invétéré des massages, il se donne comme mandat de rester neutre du mieux qu’il peut pour donner l’heure juste quant aux connaissances actuelles acceptées par la communauté scientifique. Bien qu’il possède un intérêt très marqué pour le monde du sport, il s’intéresse également aux bienfaits psychologiques que peuvent apporter l’activité physique et la massothérapie. Ces deux domaines, à la fois préventifs et curatifs, sont intrinsèquement liés et constituent, à son avis, le chemin le plus sain et le plus efficace pour atteindre le niveau de bienêtre que vous souhaitez.
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