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28 juillet 2023 | écrit par Philippe-Olivier Jasmin |
Musculairement parlant, la sciatalgie est une problématique simple. En effet, comme toute névralgie, elle implique une compression nerveuse. Relâchez le muscle qui occasionne ladite compression et BAM! Tout le monde retourne à la maison satisfait que la paix dans le monde soit rétablie.
Cependant, on frappe parfois un Waterloo. N’avez-vous pas martelé le problème comme quelqu’un ayant un soudain besoin pressant d’avoir accès à une toilette occupée? N’avez-vous pas travaillé délicatement et avec intention les muscles de votre client? N’avez-vous pas adéquatement bûché? Tout ce labeur, cette sueur, pour quels résultats? Se fracasser le nez sur un mur de béton armé. Votre remise en question pulvérise votre estime pendant que la fameuse question retentie comme quelqu’un hurlant dans le silence d’une chambre écho : pourquoi?
La massothérapie demeure une négociation avec le corps du client. Deux raisons peuvent être blâmées pour un échec diplomatique. Un, vos talents d’orateur ont fait défaut ou deux, vous ne vous adressez pas aux bons interlocuteurs. Bref, le problème repose probablement sur la technique ou vous vous acharnez possiblement sur les mauvaises variables. Exécution chambranlante ou stratégie inadéquate.
Travaillez-vous trop rapidement? Trop léger? Trop agressivement? Laissez-vous le temps à vos techniques d’amadouer les structures visées? Vous adaptez-vous au client? Employez-vous le bon outil au bon moment?
Malheureusement, nous passons tous occasionnellement à travers des jours gris. De plus, le corps de certains clients s’entête davantage que d’autres. Si ce n’est qu’un cas de malchance, laissez reposer le tout et réessayez de nouveau. Shit happens, c’est la vie. Si cette situation se pointe le bout du nez bien plus fréquemment que vous le désireriez, peut-être êtes-vous un peu rouillé ou n’êtes pas adéquatement équipé pour une telle situation. Malheureusement, il n’y a pas 42 solutions à ce dernier point. Peut-être qu’un petit dépoussiérage, une révision ou une formation continue s’impose.
Même si nous, massothérapeutes, ne pouvons pas émettre de diagnostics, connaître les rouages de notre adversaire demeure le premier pas vers la consistance thérapeutique. En effet, être familier avec les stratégies ennemies vous permet d’être davantage malin dans les vôtres. Bref, mieux choisir ses batailles.
Donc, lorsque nous sommes confrontés à la sciatalgie, quels sont nos objectifs cliniques? S’assurer que les sites de compression de cette névralgie demeurent zen et libres du stress mécanique amené par des muscles qui broient du noir. Quels sont donc ces sites de compression? Vous les connaissez bien : le pincement radiculaire à L4, L5 ou S1 et au niveau du piriforme. Si vous peinez à propager la bonne humeur à ces deux sites, les chances sont qu’un saboteur rôde furtivement dans les parages. Retroussez vos manches et soyez plus malin que lui!
Allons explorer quelques pistes.
Dans la version « simple » de la sciatalgie, un pincement radiculaire implique un dérangement intervertébral mineur (DIM). Bref, une dysfonction facettaire. Bien sûr, nous pouvons être graciés par la présence d’une problématique additionnelle se joignant à la fête telle une hernie discale ou une sténose foraminale. Cependant, nous nous aventurons alors vers des cas plus complexes exigeant une approche adaptée à ceux-ci.
Néanmoins et comme dans toute dysfonction facettaire, il convient d’investiguer tout muscle s’accrochant aux étages vertébraux concernés. Dans le cas de la sciatalgie, visons les vertèbres L3, L4 et L5. Quels sont ces muscles?
Si ces vertèbres boudent malgré tous vos efforts, peut-être en avez-vous oublié un. Évidemment, selon la Loi de Murphy, le muscle que vous aurez oublié est celui qui sabote vos efforts en entretenant le cercle vicieux.
De plus, plusieurs mécanismes sans lien direct avec la sciatalgie peuvent subtilement apposer des enclumes dans la balance de votre équation. Revenons à notre liste de muscles.
Bref, n’hésitez pas à tourner autour du pot et à préparer votre terrain. Isolez votre cible de ses alliés. Chacune de ces variables prises individuellement est bien plus facile à convaincre que lorsqu’elles s’encouragent entre elles. Démantelez le problème au lieu d’affronter un front uni.
On pourrait baser une carrière à travailler uniquement des cas de piriformes. Comme nous l’avons vu précédemment, le piriforme demeure un puissant stabilisateur de l’articulation coxo-fémorale, mais consolide aussi le sacrum dans chacun des trois axes. Par conséquent, le stress mécanique véhiculé par le muscle peut directement affecter la position du plateau sacré et, donc, la fondation où se plante la vertèbre L5 pour supporter le poids du corps. Imaginez Atlas qui supporte le monde. Amusez-vous ensuite à lui assener des coups dans les jambes. Il risque de ne pas trop vous apprécier.
Sinon, souvenons-nous que le piriforme consiste en un site fréquent de compression du nerf sciatique. Ce que certains surnomment la « fausse sciatalgie ». Et puisque le piriforme est innervé par une branche du nerf sciatique, la mauvaise humeur provenant d’un pincement radiculaire se transmet au muscle. Grinçant des dents, le piriforme devient davantage tonique, compressant à son tour la branche du nerf sciatique qu’il recouvre. Bonjour la double compression! Éventuellement, le stress mécanique déployé par le muscle remonte par le sacrum pour entretenir la dysfonction facettaire. Le pincement radiculaire rouspète davantage. Voilà! Un magnifique cercle vicieux dans son habitat naturel.
En d’autres mots, si vous suez à apaiser le stress mécanique que subit L5, il peut être intéressant d’aller explorer ce qui se passe dans le sous-sol, au bassin.
Similairement, l’humeur des os iliaques influence directement l’état d’âme de L4 et L5. Comment? Par l’entremise du ligament ilio-lombaire. Grâce à ce petit ligament sournois, toute instabilité des iliaques sera partagée aux deux vertèbres tiraillant leurs apophyses transverses dans la même direction que ladite instabilité. Autrement dit, l’os iliaque lui-même peut être la source du stress mécanique engendrant la dysfonction facettaire.
Encore mieux, ce maudit petit ligament recouvre la racine L5! Lorsqu’il subit trop de tension, cet agent provocateur qui siffle innocemment peut directement comprimer le nerf qui se faufile sous lui. Eh bien bâtard!
Finalement, rencontrer son Waterloo est frustrant. Déprimant. Cependant, si ça ne fonctionne pas, vous entêtez est rarement la solution. Soyez malins. Soyez stratégiques. Soyez efficaces. Envoyez vos éclaireurs pour recueillir davantage d’information sur ce qui se passe alentour. Attaquez les lignes de ravitaillement de votre cible. Isolez-la.
Il paraîtrait que la bataille de Waterloo fut durement gagnée de justesse par la septième coalition. En effet, ce fameux affrontement marque la fin des guerres napoléoniennes du 19e siècle. Bref, la fin de Napoléon. La France se tenait seule devant la Grande-Bretagne, la Prusse, les Pays-Bas, Hanovre, Nassau et Brunswick. 72 000 petits soldats contre une coalition de 120 000. Cependant, imaginez si Napoléon aurait combattu chacun de ses six adversaires individuellement. L’Europe d’aujourd’hui serait probablement méconnaissable.
Bons soins!
Philippe-Olivier Jasmin
Vous reconnaîtrez probablement Philippe-Olivier Jasmin comme un des collaborateurs qui écrit pour le blogue du RMPQ depuis son implantation. Non? Pas de problème! Peut-être comme l’orthothérapeute clinicien aguerri. Celui qui décortique l’anatomie, explore la biomécanique et déniche des tactiques et des approches cliniques efficaces pour ces confrères massothérapeutes? Ou encore, comme le collaborateur pour le blogue de l’AMS et le superviseur-coach d’orthothérapie à leur campus de Montréal? Ou probablement comme celui qui unit des formations de la Chine, de la Colombie-Britannique et des États-Unis à sa formation d’orthothérapeute pour attiser l’étincelle de l’excellence et inspirer ses collègues à être awesome? … … ... Quand il n’est pas en train de masser ou de promouvoir la reconnaissance de la massothérapie par l’éducation, P-O a le nez plongé dans un bouquin, su à exercer sa routine de rame, de callisthénie et de Tai Chi, ou relaxe paisiblement un café à la main. Alors qui est P-O? Un rêveur? Un perfectionniste? Un guerrier pacifiste zen? Pour le découvrir, mets ton casque et viens le rejoindre au front!
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